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sus du désir d’un fils, du désir de la richesse, du désir des mondes, mènent l’existence de religieux mendiants. »

Les mêmes textes établissent que la connaissance de l’âtman procure l’immortalité.

Brih. âr. Up., iv, 4, 14 : « Ici-bas, nous pouvons connaître (Brahma) ; si nous ne le connaissons pas, c’est un grand malheur. Ceux qui le connaissent deviennent immortels ; les autres n’obtiennent que le malheur. »

La Kena Up., ii, 12 et 13, confirme la même idée dans les termes suivants :

« Par la science, on atteint l’immortel.

Les sages qui ont réfléchi qu’il (Brahma) est dans chaque être, deviennent immortels quand ils ont quitté ce monde. »

D’ailleurs, de même que les Upanishads anciennes nous ont tracé le chemin que suivent les âmes dans les vicissitudes de la transmigration, c’est-à-dire en suivant le chemin des ancêtres, le pitryâna, elles nous indiquent la voie par laquelle les délivrés arrivent auprès de Brahma (le devayâna, le chemin des dieux). C’est ainsi qu’on lit dans la Brih. âr. Up., vi, 2, 15 :

« Ceux qui possèdent cette connaissance et ceux qui, retirés dans la forêt, font consister leur culte dans la foi et l’adoration du vrai, deviennent (après la mort) la flamme (du feu du sacrifice) ; de la flamme ils passent dans le jour, du jour dans la quinzaine lunaire claire, de la quinzaine lunaire claire dans les six mois pendant lesquels le soleil se dirige vers le nord ; de ces six mois ils passent dans le monde des dieux, du monde des dieux dans le soleil, du soleil dans la divinité qui préside à l’éclair. Le purusha qui est dans le manas survient et fait passer dans les mondes de Brahma ceux qui sont unis à la divinité qui préside à l’éclair. Ayant atteint la condition suprême dans ce monde de Brahma, ils y séjournent un nombre infini d’années. Pour eux, il n’est plus de retour (dans le cercle de la transmigration). »

Mais, en serrant de plus près ces conceptions sur le pouvoir de la science, les védântins sentirent la nécessité de favoriser cette science, qui n’était en dernière analyse que l’intuition extatique du néant de la conscience individuelle, par des pratiques mentales ou extérieures propres à provoquer et à entretenir l’extase. Ces pratiques, dont on trouve peu de traces dans les plus anciennes Upanishads, prennent de l’importance aux dépens, à ce qu’il semble, des spéculations philosophiques proprement dites à mesure qu’on passe à des documents d’une moindre antiquité. C’est ainsi que la Brih. âr. Up. et la Chând. Up. se bornent à recommander dans quelques passages la