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regnaud.études de philosophie indienne

sède la science (vidvân) il n’y a pas ascension (utkrânti) ni déplacement (gati) de l’âme individuelle accompagnée des prânas[1].

Ainsi (Sûtra iv, 2, 45), les sens et les éléments subtils qui composent le corps subtil du vidvân se dissolvent au moment de la délivrance dans l’âme suprême. On oppose, il est vrai, un texte d’après lequel chacune des quinze parties qui composent le corps subtil se réunirait à son principe, c’est-à-dire que les parties issues de la terre, comme le son, retourneraient à la terre, et ainsi de suite. Mais si cette théorie est vraie quand on se place au point de vue des faits sensibles (vyavahârâpeksha), eu égard à ce qui a lieu pour le vidvân (vidvatpratipattyapeksha), toutes les parties qui le composent s’absorbent en Brahma.

Le Sûtra qui suit (iv, 2, 16) établit que l’absorption des parties qui composent le corps subtil du vidvân est absolue, et qu’il n’en reste rien. En effet, ces parties, dont l’existence a l’ignorance pour cause, ne sauraient laisser de reste quand se produit une dissolution que détermine la science[2].

Le Sûtra iv, 2, 17 constate que l’âme du vidvân quitte le corps par la tête, c’est-à-dire par l’issue cérébrale dont il est question en ces termes dans l’Aitareya Upanishad, ii, 12 : « (Brahma), ayant fendu cette suture (du crâne), pénétra (dans la créature) par cette ouverture. Elle est appelée vidriti » ; tandis que les âmes de ceux qui ne possèdent pas la science, des avidvân, sortent du corps par d’autres issues. S’il en était autrement, si le avidvâns quittait le corps par n’importe quelle issue comme l’avidvân, il n’obtiendrait pas la résidence suprême, et sa science ne lui servirait à rien. Mais favorisé par Brahma, qu’il a adoré et qui réside dans son cœur, le vidvân, ayant obtenu sa nature (l’identité avec Brahma), abandonne le corps au moyen de la veine divisée en cent et une parties qui communique avec le sommet de la tête[3].

Les textes sacrés relatifs à la migration des âmes vers le Brahmaloka ou le monde de Brahma, d’après l’itinéraire dont le point de départ est la veine dont il vient d’être question, disent qu’elles passent ensuite dans les rayons lumineux. On peut se demander si ce voyage a lieu indifféremment de jour ou de nuit ou seulement de jour (Sûtra iv, 2, 18). D’après le Sûtra qui suit (iv, 2, 19), la migration des âmes des vidvâns peut avoir lieu en tout temps,

  1. Na ca brahmavidah sarvagatabrahmâtmabhûtasya prakshînakâmakarmana utkrântir gatir vopapadyate nimittâbhâvât.
  2. Avidyânimittânâm ca kalânâm na vidyânimitte pralaye sâviçeshatopapattih.
  3. Hrdayâlayena brahmanâ samupâsitenânugrhitas tadbhâvam âpanno vidvân mûrddhanyayaiva çatâdhikayâ… nâdyâ nishkrâmati. Voir sur cette veine Brih. âr. Up.., iv, 2, 3.