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regnaud.études de phylosophie indienne

individuelle elle-même cesse d’être, pour ne laisser place qu’à l’âme suprême[1].

Mais, pour obtenir ce résultat, qui n’est autre que la délivrance et arriver à la science dont il est la conséquence et qui consiste dans la notion exacte du sens de la grande phrase, différents exercices intellectuels sont nécessaires. Ce sont, d’après l’énumération et les définitions du Vedânta-Sâra (nos 113-140) : 1° l’audition (çrava na) ; 2° l’attention méditative (manana) ; 3° la méditation extatique (nididhyâsana) ; et 4° l’extase (samâdhi).

L’audition est le fait de s’appliquer à l’étude de l’être unique dont la notion forme l’objet principal du Vedânta[2].

Il faut, pour que l’audition porte ses fruits, tenir compte des circonstances suivantes : du commencement et de la fin (upakramopasamhâra), des sections des ouvrages sacrés ; de l’insistance (avabhyâsa), c’est-à-dire du soin apporté dans ces ouvrages à la répétition de certaines formules d’une importance spéciale, comme celle des mots tat tvam asi Chând. Up., vi, 8 et seqq.) ; de la nouveauté (apûrvatâ), ou du fait que le point établi, eu égard aux principes vedântiques, par un passage des ouvrages sacrés ne repose sur aucune autre preuve ; de fruit (phala) indiqué comme résultant de l’enseignement que l’on reçoit à l’audition de tel ou tel passage des ouvrages sacrés ; de l’amplification (arthavâda). qui consiste dans l’éloge de telle ou telle partie de la doctrine transmise par les ouvrages sacrés ; enfin de l’obtention (upapatti) ou de la conclusion (yukti), consistant à induire de telle ou telle assertion des ouvrages sacrés une conséquence favorable à la notion de l’être unique.

L’attention méditative, est la réflexion appliquée constamment à l’être unique avec l’auxiliaire de raisons conformes à la doctrine vedàntique[3].

La méditation extatique est un courant homogène de la pensée ayant pour objet l’être unique sur la forme duquel elle s’est modelée, avec exclusion de l’idée hétérogène de corps, etc.[4].

L’extase est de deux sortes : savikalpa, c’est-à-dire tenant compte de la distinction du sujet et de l’objet, et nirvikalpa, ou ne tenant plus compte de cette distinction.

L’extase savikalpa est un état dans lequel il y a modification de la pensée modelée sur la forme de l’être unique, sans avoir égard

  1. Ved.-Sâra, n° 110.
  2. Vedântânâm advitîye vastuni tâtparyâvadhâranam.
  3. Mananam tu çrutasyàdvitîyavastuno vedântânugunayuktibhir anavaratam anucintanam.
  4. Vijâtîyadehâdipratyayarahitâdvitîyavastuni tadâkârâkàritâyà buddheh sajâtîyapravâho nididhyâsanam.