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D’après le principe de causalité, tout ce qui commence d’exister est déterminé par une cause. Qu’est-ce que la cause ? La notion de causalité créatrice, analogue à la théorie réaliste de la substance, présente les mêmes difficultés ; de plus, elle contredit les résultats les plus généraux de l’expérience. Il ne faut donc voir la cause des phénomènes que dans l’ensemble des conditions qui les déterminent. Sur ce point l’école critique et l’école empirique se réunissent.

La synthèse aura vérifié l’analyse si les lois objectives de la connaissance sont les principes et les seuls principes de la science. Il en est bien ainsi. Les lois du possible, temps, espace, nombre, sont les principes de la mathématique ; les lois du réel, substance et cause, sont les principes de la physique. Il n’y a aucun autre principe dans la science positive. La notion de force n’est pas distincte de celle de cause, car les forces physiques ne diffèrent pas des forces mécaniques, et la cause mécanique est uniquement la « cause qui modifie tout mouvement variable » (de Saint-Robert).

Les principes ne sont-ils pas la manifestation de l’absolu au sein du relatif ? Qu’est-ce d’abord que l’absolu ? On peut le définir, par opposition au relatif : ce qui existe en soi et est conçu par soi. La notion de l’absolu s’impose à l’esprit avec une nécessité invincible, car tous les systèmes, quand on en défalque les différences spécifiques, présentent un même résidu, l’affirmation d’une existence en soi et par soi. Sans l’absolu, le relatif est incompréhensible. L’objection qu’a faite Hamilton n’est pas concluante. L’absolu conçu en dehors de toute détermination positive n’est pas la négation du concevable. Les formes ou conditions de la pensée sont données dans la conscience ; elles s’appliquent à tous les objets de la pensée pour les déterminer positivement. Si elles impliquent la notion de l’existence en soi et par soi, cette notion est donnée dans la conscience.

L’absolu existe donc. Est-il accessible ? Et d’abord se trouve-t-il parmi les objets de la science quelque chose dont on puisse affirmer l’existence en soi ? La totalité des phénomènes ne serait-elle pas l’absolu ? Mais cette totalité est infinie ou finie. Si elle est infinie, il y a donc un double infini de choses successives et simultanées actuellement réalisé, ce qui est contradictoire. Si elle est finie, comment expliquer que le temps et l’espace sont illimités ? L’univers d’ailleurs est relatif au temps, à l’espace, au nombre, à la substance et à la cause. Les lois de la connaissance ne contiennent pas davantage l’absolu, car si les objets sont relatifs aux lois, les lois sont relatives aux objets. Le nombre est une synthèse de deux termes relatifs, l’unité et la multiplicité ; si le temps et l’espace sont absolus, que deviennent les événements et les objets qui y sont contenus ? Dans toutes ces hypothèses sur l’absolu, nous trouvons la contradiction du nombre infini actuellement réalisé. La substance, détachée des phénomènes, n’offre aucune représentation distincte. D’ailleurs, elle est le total des phénomènes ou elle en est distincte. Nous avons vu que la somme des phénomènes ne