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parmi les plus libres, soient loin d’avoir éliminé le virus métaphysique ou religieux, le matérialisme a gagné en pouvoir attractif tout ce que le spiritualisme a perdu ; la science et la philosophie s’y rejoignent enfin, d’un commun essor, après un long divorce.

Deuxième partie. — La philosophie. — À la revue des philosophies succède l’exposition de la philosophie. Nous la résumerons aussi succinctement que possible, sans interrompre le cours de ce résumé par des critiques qu’il faudrait peut-être multiplier outre mesure, et dont nous indiquerons les plus importantes en terminant.

L’univers. — Contrairement à la méthode subjective, anthropomorphique, qui va de l’homme à l’univers, M. Lefèvre va de l’univers à l’homme. Les choses, dit-il, dont l’ensemble est exprimé par le mot univers, sont formées de substances quelconques, en nombre quelconque, hors desquelles il n’y a rien. Chacune d’elles est indestructible et homogène. Ces corps simples, combinés en proportions diverses, ont reçu le nom générique de matière. L’existence de la matière est suffisamment démontrée par l’usage que nous en faisons, et même par l’existence de la pensée, puisqu’il n’y aurait point de pensée sans corps organisé, et point de corps organisé sans matière. Ces particules ultimes des corps simples se combinent où s’excluent selon leur nature. C’est de leurs manières d’être que dérivent ces affinités où le langage nous porte à voir, par une illusion anthropomorphique, de véritables êtres : une propriété, une loi, n’est que le résultat d’observations concordantes et d’inductions vérifiées. Les particules dont il s’agit sont les éléments insécables dont se composent les corps simples ; on les appelle atomes. Dans chaque groupe, l’atome est « l’unité d’une somme indéfinie ». Un atome d’un corps uni à un ou plusieurs atomes de tout autre corps constitue une molécule, sorte d’atome complexe qui lui-même entre dans de nouvelles combinaisons, à leur tour pourvues d’affinités particulières. Le mouvement est le nom le plus général ou mieux « la résultante » de toutes les propriétés et de tous les rapports : la corrélation des forces physiques est aujourd’hui démontrée. Les mouvements des atomes ont-ils pour condition le vide absolu ? Tout ce qu’on peut dire, c’est que la machine pneumatique produit seulement un vide relatif, et que la physique suppose, pour expliquer par exemple les ondulations lumineuses, l’existence de l’éther, matière subtile, impondérable, plus vide que le vide épicurien. Au surplus, qui empêche qu’il y ait des trous dans la nature ? — Des affinités atomiques et des combinaisons moléculaires sont issus des agrégats, dont la limitation respective détermine les formes. Les formes sont nécessairement les mêmes, sauf des variations de grandeur, pour les corps constitués par les mêmes combinaisons. Leur constante a suggéré l’idée de ces types, moules invisibles et éternels, d’avance imposés à une pâle obéissante.

Les modes les plus généraux du mouvement sont l’attraction, la pesanteur, qui est l’attraction en acte, et le magnétisme, dont l’action