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analyses. — andré lefèvre. La Philosophie.

transmise de proche en proche avec une extrême rapidité rendra compte quelque jour de ces actions à distance qui jouent un si grand rôle dans le monde sidéral. Il ne faut pas voir dans ces propriétés générales des agents providentiels : l’ordre que nous remarquons dans les choses nous intéresse, parce que nous y vivons ; mais, si le chaos était compatible avec notre existence, nous y trouverions aussi un plan. — L’électricité, la chaleur, la lumière sont encore des variétés du mouvement, mais moins générales que les précédentes. Elles ne s’expliquent point par de prétendus fluides ou esprits, mais se résolvent en contacts d’atomes, de molécules et d’agrégats. Aussi, en fermant les yeux, nous supprimons la lumière, mais non les ondulations qui l’apportent. Même remarque pour le son. — Enfin la vie et surtout la pensée sont des propriétés bien plus spéciales encore que celle-là. La vie est l’état de tissus particuliers où n’entrent que certains éléments simples, 16 environ chez l’homme, et susceptibles d’absorber certaines substances dont ils expulsent le résidu. Par suite, il n’y a point de vie en dehors de combinaisons particulières que l’on nomme organismes et qui, d’ailleurs, s’expliquent tout entières par les propriétés du monde inorganique. Quanta la pensée, c’est un mouvement dans un cerveau, moins encore, dans une partie du cerveau : c’est une propriété spéciale d’un état très-particulier de la matière.

Des propriétés de la matière, l’auteur passe à la description du monde sidéral. Nous ne le suivrons pas dans les détails qu’il donne, et dont on ne voit pas toujours l’intérêt philosophique, sur la substance des astres, les mouvements des étoiles, la nature des comètes, etc. ; notons seulement que, selon lui, il n’y a aucune raison pour que les astres occupent une place ou une autre ; que la formule générale de l’univers est celle-ci : ordre partiel, incohérence générale ; que le monde est infini, mais en ce sens seulement qu’il nous est impossible de découvrir ou de concevoir une fin dans la juxtaposition des êtres ; que le temps et l’espace sont « certaines manières d’être des choses, relativement aux impressions qu’en reçoivent nos sens et notre cerveau ». Les métaphysiciens doivent en outre se rappeler, et c’est la conclusion de l’étude du monde sidéral, que, sans ces éléments simples qu’on appelle matière il n’y aurait point de voie lactée ; sans voie lactée, point de soleil ; sans soleil, point de terre, et, par suite, aucun des êtres que la chaleur solaire anime à sa surface. Quel idéalisme, quel scepticisme pourrait se dérober à l’inéluctable chaîne de ses conditions qui vont de l’atome en mouvement au cerveau en exercice ? Au point de vue logique, rationnel, nul lien causal ne rattache l’antécédent au conséquent ; en fait, tout se succède, et dans un ordre tel quel qu’aucun sophisme ne peut intervenir.

Le monde vivant. — Il n’y a pas de différence intime entre les corps vivants et les corps inorganiques ; ils sont constitués par les mêmes éléments ; tout corps organisé est un composé, en voie de rénovation perpétuelle, de colloïdes gélatineux, visqueux, tenant en dissolution des