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analyses. — giner. leçons sommaires de psychologie.

rations intellectuelles sont analysées d’après la méthode qui a cours depuis cinquante ans dans nos lycées et nos séminaires ; les preuves classiques sur lesquelles est appuyé le dogme du libre arbitre y sont consciencieusement reproduites. Enfin, dans la troisième partie, qui traite de la psychologie organique, rien de saillant et de neuf relativement à l’harmonie des facultés spirituelles ; et, si la démonstration de l’immortalité de l’esprit est éliminée par les auteurs, comme ne dépendant pas de la psychologie, ils n’en préjugent pas moins la solution du problème dans le sens le plus résolument affirmatif.

En un mot, j’adresserai à ce manuel une critique générale : tout ce qu’il contient de psychologie pure est fort arriéré ; on voudrait que les auteurs se fussent inspirés, un peu plus qu’ils ne croient l’avoir fait, des travaux récemment publiés sur l’anthropologie, la physiologie psychologique et la psycho-physique, et qu’ils eussent ainsi élargi, sinon renouvelé le cadre de la vieille psychologie. Wundt, Fechner, Lotze, Helmholtz, Spencer, pour n’en pas citer d’autres, leur auraient fourni, sur la plupart des questions de psychologie proprement dite, sinon des solutions définitives, tout au moins des observations et des hypothèses sérieuses.

Malgré cette lacune, les Leçons de psychologie ont une valeur scientifique qui manque à nos meilleurs manuels, sans en excepter même celui de M. H. Joly. L’analyse physiologique y est toujours menée de front avec l’analyse psychologique ; les relations générales de l’esprit avec le corps ; les relations spéciales et intimes de ce dernier avec les trois facultés classiques ; l’union organique des deux termes pour composer le tout infiniment varié, qui est l’homme : tous ces points de vue sont exposés avec une abondance de détails et une exactitude remarquables.

Ces considérations d’un genre tout nouveau piqueraient au vif l’intelligence de nos jeunes philosophes, que les abstractions de la psychologie classique laissent plus que froids. Ils liraient avec charme et profit les chapitres consacrés aux différences subjectives qui naissent pour chaque esprit de l’hérédité, de l’individualité innée, du caractère, du tempérament, du sexe, etc., ceux consacrés à l’évolution de toutes ces fonctions essentielles, dont le développement est malheureusement abandonné chez nous au hasard des circonstances et aux caprices de l’éducation. Ce qu’est l’homme en chacun d’eux, voilà ce qu’il importe à nos jeunes gens de savoir. Quand donc songera-t-on à réconcilier l’enseignement avec la science et à mettre aux mains de chacun, dès le début de la vie, la clef de son avenir ?

Je ne terminerai pas le compte rendu de ce petit livre, si bien fait pour éveiller en nous des réflexions utiles, sans essayer de donner une idée de l’esprit nouveau qui circule dans ses moindres chapitres. Je signalerai, par exemple, ce chapitre, dont le titre seul fait l’éloge : Biologie psychique. Il y est traité des âges de l’âme. De même que le corps, elle a ses périodes d’évolution croissante et de décadence fatale.