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La première période est celle de la vie intra-utérine : correspondant aux premiers phénomènes de la vie physique, cette phase d’activité rudimentaire et de conscience obscure se termine à la naissance. Dans l’âge suivant, l’esprit va développant la richesse et la variété de ses éléments, chacun à son heure : car, si dans l’enfance dominent l’action et l’influence des relations extérieures, dans la jeunesse se manifeste une réaction et une revendication subjective contre cette influence, accompagnée du développement de toutes les fonctions psychiques. L’âge viril, période organique et de plénitude, oscille plus ou moins longtemps sur le point culminant : à ce moment, les forces animiques tendent à s’harmoniser dans l’unité delà conscience, autant entre elles que dans toutes leurs relations ; chaque esprit arrive au degré supérieur qu’il peut atteindre dans la vie. L’âge descendant part de là pour se terminer naturellement à la mort : l’esprit parcourt, dans le sens opposé, autant de phases analogues aux précédentes ; on voit déchoir premièrement les facultés qui s’étaient développées les premières, et ainsi jusqu’à la fin (âge mûr, vieillesse, décrépitude), jusqu’à ce que l’esprit en vienne à un état analogue à l’enfance, et que se consume et s’éteigne la vie psychique, au milieu des ruines de la vie physique.

J’en ai dit assez pour montrer ce qu’est ce petit manuel, et aussi ce qu’il devrait être. Je lui souhaite une troisième édition, qui lui ajoute quelques qualités de plus, et une traduction française qui lui assure chez nous tous les lecteurs qu’il mérite.

Bernard Perez.

Glogau. Steinthals psychologische Formeln zusammenhangend entwickelt. — Formules psychologiques de Steinthal développées et mises en ordre. 1 vol. in-8°, 176 pages. Harrwitz et Gossmann. Berlin. 1876.

Nos intuitions sensibles, nos représentations mentales, nos idées, et tous les faits internes concomitants ou subséquents, s’agencent, se heurtent, se combinent et se développent dans la conscience conformément à des lois définies, selon leurs rapports de ressemblance ou d’analogie, de masse, de vitesse ou d’intensité. C’est ce fonctionnement mécanique, cette statique et cette dynamique des phénomènes psychiques que Herbart, il y a un demi-siècle, avait entrepris d’exprimer en formules mathématiques compliquées de calculs longs et difficiles. Dans son Introduction à la psychologie et à la linguistique (1871), M. Steinthal a repris cette idée générale de Herbart, tombée en défaveur, pour la renouveler et la simplifier. Un des torts de Herbart, suivant lui, aurait été d’emprunter aux mathématiques supérieures le modèle de ses formules, d’employer certaines opérations de calcul intégral ou différentiel : c’est au contraire aux formules de la chimie, qui ne supposent rien de plus que l’addition, la soustraction et la multiplica-