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LES MAÎTRES DE KANT


(1er article)

Benno Erdmann : Martin Knulzen und seine Zeit (Leipzig, Voss, 1876) ; — Kant’s Kriticismus in der ersten und zw eiten Auflage der Kritik der reinen Vernunft (id., 1878) ; — Kant’s Prolegomena : Einleitung (id., 1878).

Friedr. Paulsen : Versuch einer Entwickelungsgeschichte der kantischen Erkenntnisstheorie (Leipzig, Fues, 1875).

A. Riehl : Der phiiosopldsche Kriticismus (Leipzig, Engelmann, 1876). Konrad Dieterich : Kant und Newton, 1877 ; Kant und Rousseau, 1878 (Tübingen, Laup).


On peut diviser les philosophes en deux grandes classes. Les uns, comme Platon, Leibniz, Hegel, semblent consacrer leur principal effort à concilier dans une synthèse originale les diverses doctrines du passé. Les autres, tout entiers à la domination de l’idée qui les a maîtrisés de bonne heure, n’ont plus la liberté d’être équitables ou seulement attentifs aux opinions de leurs devanciers : tel est le cas de Socrate, de Descartes, d’Auguste Comte. On est tenté tout d’abord de ranger Kant dans le second de ces groupes. Mais si l’on songe au laborieux et tardif enfantement de sa philosophie, à ce phénomène, unique peut-être dans l’histoire, d’une pensée qui se cherche pendant près de 40 années, on a de la peine à croire que les influences multiples et contradictoires du dehors n’aient pas été pour quelque chose dans ses hésitations et ses lenteurs.

Et, en effet, tous les maîtres qui se disputèrent la conscience du xviiie siècle, Kant les a successivement écoutés et jugés. Dans son apparente solitude de Kœnigsberg, les voix du dehors apportaient leur écho. Son souple et curieux génie interrogeait tour à tour et l’Allemagne, et la France, et l’Angleterre ; et les métaphysiciens, et les moralistes, et les savants. Et l’on comprend qu’un esprit aussi sincère, mais aussi prompt à démêler le vrai et le faux, ait dû poursuivre longtemps, au milieu de la fermentation des problèmes et du conflit des systèmes, la certitude définitive, la vérité compréhensive qu’il cherchait. Lorsqu’on n’aborde ce large et puissant penseur que par son œuvre dernière, lorsqu’on ne le contemple pour la première fois qu’en possession d’un système et qu’on se