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straszewski.herbart, sa vie et sa philosophie

Zimmermann s’ouvrit en 1873 par un article intitulé « De l’influence de la musique sur la philosophie de Herbart », qui fut suivi, en 1876, d’une dissertation intéressante sur a les diverses époques du développement intellectuel de Herbart ; » en 1877, des « Lettres inédites », et se termina dignement par un article inséré dans le Conversations Lexicon de Mayer, intitulé « Herbart », qui résume et explique avec précision et clarté les idées et la valeur de sa philosophie.

À côté de ces ouvrages, le discours académique du professeur Drobisch : « Ueber die Fortbildung der Philosophie durch Herbart », prononcé à l’occasion du centième anniversaire de sa naissance, contient incontestablement l’exposé le plus remarquable des principes de ce philosophe et de leur importance. — Rappelons ici que le professeur Drobisch est le plus ancien des disciples personnels de Herbart et l’un des représentants les plus distingués de son école.

C’est avec l’appui de ces documents nouveaux que nous voulons tracer aux lecteurs de la Revue le tableau de la philosophie de Herbart, et essayer d’appeler leur attention sur ce grand penseur, auquel ses compatriotes mêmes ne rendirent que bien tard l’estime qui lui était due.

Nous ferons connaître dans la première partie de notre article le développement de la philosophie de Herbart d’après les publications du professeur Zimmermann ; dans la seconde, nous en considérerons la portée d’après le discours du professeur Drobisch et l’article de Zimmermann inséré dans le Conversations Lexicon, et nous nous permettrons dans le troisième d’ajouter quelques remarques qui nous paraissent indispensables pour apprécier à sa juste valeur la position de Herbart dans l’histoire de la philosophie de notre siècle.

I.

Quoique la philosophie de Herbart diffère essentiellement de toutes les tendances de ses contemporains, il n’est pourtant pas difficile de discerner son affinité avec la spéculation allemande du commencement du xixe siècle. Sa liaison avec le système de Kant est surtout tellement frappante, que Herbart lui-même n’hésitait pas à s’appeler le disciple de Kant ; et, malgré la différence énorme qui le sépare de Fichte, un observateur attentif découvrira entre eux plus d’un point de ressemblance. Il est même dans la philosophie de Herbart des idées dont on ne peut expliquer l’origine sans l’influence de Fichte ; mais il en est aussi de tellement originales, que toute la philosophie allemande de son époque ne saurait nous en donner la clef.