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analyses.spir. Denken und Wirklichkeit.

ques. Mais il n’en a pas moins reconnu, circonscrit et consolidé le terrain sur lequel doivent porter les investigations de la science, si elle veut être fructueuse : à savoir l’ensemble des lois de la réalité. Et les conquêtes merveilleuses que la science fait tous les jours dans cette voie valent bien pour l’esprit humain les stériles inventions de la spéculation métaphysique.

« Atomes de poussière à la surface de notre planète, qui n’est elle-même que comme un grain de sable dans l’infinité des mondes, nous, les derniers nés de la terre, qui, d’après la chronologie géologique, sommes encore si près de notre berceau, nous nous sommes cependant, par l’application énergique du principe de causalité, élevés au-dessus des autres créatures ; nous les avons vaincues dans la lutte pour l’existence ; et nous avons le droit de nous enorgueillir d’être, par notre héroïque labeur, parvenus à déchiffrer l’énigme jusque-là incompréhensible du monde ; et notre gloire n’est pas amoindrie, parce que nous n’avons pas réussi à dérober le secret par un élan présomptueux comme celui d’Icare. »

Nous avons cru devoir nous borner à reproduire fidèlement les pensées et parfois le langage du discours d’Helmholtz : nous ne voulions qu’offrir une matière nouvelle aux méditations du lecteur.

D. Nolen.

A. Spir. Denken und Wirklichkeit. Versuch einer Erneuerung der kritischen Philosophie. — La pensée et la vérité. Essai d’une réforme de la philosophie critique. 2e édition. Leipzig, Findel, 1877. 2 vol.

« On trouvera peut-être que les développements, dans ce second volume, sont insuffisants ; mais je prie le lecteur de considérer qu’en philosophie, comme dans tous les autres domaines de l’activité, la division du travail est nécessaire pour obtenir des résultats d’une réelle valeur. Quiconque entreprend à la fois d’établir les principes et d’en exposer les conséquences logiques, en un mot de construire un système complet de philosophie, peut être sûr de voir échouer ses efforts. La force de l’homme est limitée, et ce n’est qu’en se donnant des limites à elle-même qu’elle peut arriver à produire quelque chose. C’est seulement par la concentration de mon attention sur un petit nombre de points qu’il m’a été permis d’atteindre le but auquel de bien plus grands génies ne sont point parvenus, c’est-à-dire de découvrir les vrais principes du savoir. »

Ainsi s’exprime M. Spir dans une sorte de post-scriptum aux deux volumes qui forment son important ouvrage. Il marque fort bien, dans la même note, la fin que l’on doit se proposer en philosophie, celle du moins qu’il s’est proposée à lui-même. La philosophie, selon lui, ne doit pas chercher à expliquer le comment de la connaissance, mais surtout à établir ce qui est immédiatement certain dans la connais-