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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VII.djvu/574

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sance et ce qui peut ensuite devenir certain par une conséquence logique. Alors seulement l’explication des faits découle comme une suite nécessaire des principes que l’on a posés. Au contraire, si l’on cherche d’abord à donner l’explication métaphysique des choses, à conclure de l’hypothétique au non hypothétique, on fait une entreprise aussi chimérique et impossible que celle de la quadrature du cercle, et jamais l’on n’arrivera à constituer la philosophie comme une science. Tout système restera une œuvre personnelle, poétique, sans autre valeur que celle du talent de l’auteur, de son imagination et de son style. Ce qu’il faut, ce sont des prémisses qui soient enfin vraies par elles-mêmes et telles que chacun, en y appliquant les forces de son esprit, puisse en déduire les conséquences rigoureuses, comme on le fait dans les sciences proprement dites. M. Spir se flatte d’avoir découvert de pareilles prémisses, et, malgré l’habitude où nous sommes de nous laisser guider par des causes plus que par des principes, par des influences sensibles, physiques, plus que par des considérations logiques, il espère voir un jour quelques esprits élaborer les données qu’il propose pour le plus grand bien de tous.

Quelles sont ces données, ces prémisses impersonnelles ?

Le Cogito ergo sum de Descartes est et doit rester la vérité fondamentale. Ce qui est immédiatement certain peut en effet s’exprimer en ces termes : « Tout ce que j’aperçois dans ma conscience est en tant que fait de conscience. » Mais, après ce premier pas, on s’est égaré ; avant d’en faire un second, il fallait se demander comment nous arrivons à la certitude touchant ce qui se trouve en dehors de notre conscience, et ensuite comment nous pouvons, la première donnée certaine étant toujours un fait unique, former des aperçus généraux.

Pour résoudre ces questions, il fallait examiner la nature de l’idée, qui est le fait immédiatement certain, et l’on aurait vu que l’essence même de l’idée consiste dans la liaison qui la rattache aux objets ; il s’ensuit que la nature même de l’idée implique l’existence d’objets en dehors d’elle. Bien plus, on aurait trouvé dans l’essence de l’idée ou de la pensée les lois déterminantes de la connaissance de ces objets. Il y a en dehors des faits immédiatement certains des principes immédiats qui concernent non l’individuel, mais le général. Tel est le principe d’identité.

Certitude immédiate des faits de conscience, loi fondamentale de la pensée, telles sont les deux prémisses qui serviront de point de départ à toutes nos déductions.

Qu’est-ce que l’idée ? D’une manière générale, l’idée consiste essentiellement en ce qu’elle n’est pas ce qu’elle représente. Ce qui en soi existe réellement existe idéalement dans la conscience d’un sujet un, et, en même temps, est reconnu dans cette conscience comme réellement existant. La distinction de la vérité et de l’erreur ne se comprend qu’autant que l’on admet la distinction de cette double existence.

Mais l’idée n’est pas, au sens ordinaire du mot, une image de l’objet,