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analyses.dupont-white. Mélanges philosophiques.

identique avec lui-même et par suite est essentiellement différent de ce que nous connaissons par l’expérience, La nature empirique, telle qu’elle nous est donnée, contient des éléments étrangers à sa véritable essence. De là, pour nous, la nécessité de poser l’absolu à côté du conditionnel. Ce qui est étranger à cette nature, forcément lui a été ajouté, mais par qui et comment ? C’est ce qu’il est impossible de comprendre. La même raison qui nous porte à chercher une explication du monde nous fait voir que cette explication n’est pas possible. L’expérience nous fournit les seuls matériaux dont il nous soit donné de disposer ; ce n’est pas ainsi que nous construirons jamais l’absolu ; les tentatives toujours renouvelées des métaphysiciens sont donc un déplorable abus des forces de l’esprit.

A. Penjon.

Dupont-White. Mélanges philosophiques. 406 p. Guillaumin, Paris. 1878.

Cet ouvrage se compose de quatre dissertations publiées dans des revues à différentes époques. La première roule sur l’impuissance politique de la religion et de la philosophie ; l’auteur reproche aux philosophes contemporains leur indifférence politique et réclame d’eux une psychologie et une morale du citoyen, indispensables, selon lui, pour résoudre le grand problème des sociétés modernes, l’organisation de la liberté politique. — La deuxième, intitulée : Où en est la philosophie anglaise, est consacrée principalement à discuter l’individualisme tel qu’il apparaît dans Buckle. — La troisième, à propos du positivisme, revient sur la défaillance si regrettable de la philosophie en matière sociale. — La dernière, qui est une critique du livre de l’Intelligence de M. Taine, met aux prises le matérialisme et le spiritualisme.

M. Dupont-White est un publiciste détalent[1]. Il a pour les vues générales ce goût naturel où se reconnaît, d’après Platon, « celui qui est né pour la dialectique ». Il a entendu Cousin, et il a traduit Stuart Mill. On comprend donc qu’il ait cédé parfois à la tentation d’interrompre ses travaux habituels pour faire une excursion rapide sur le terrain de la philosophie, « ce gîte éternel du grand et de l’obscur », pour parler comme lui. Mais il y apporte, on le devine, la phrase multicolore de la langue politique, où se rencontrent des métaphores de toute origine, et l’érudition un peu superficielle que donnent les lectures faites en courant. Or il y a de certaines questions qui ne se laissent pas traiter en un style vague et bigarré. Ne sent-on pas que

  1. M. Dupont-White a été récemment enlevé à la littérature politique où il tenait une place brillante. En relisant. aujourd’hui ces quelques notes, envoyées depuis longtemps à la Revue, je les abrège le plus possible ; et, craignant qu’on n’y trouve encore quelque dureté injuste pour la mémoire d’un écrivain estimable, je rappelle qu’elles ont été écrites du vivant de fauteur, avec le seul désir de rendre sincèrement l’impression ressentie.