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REVUE DES PÉRIODIQUES ÉTRANGERS



MIND

A quarterly Review, etc. — Janvier et avril 1879.

W. James : Sommes-nous des automates ? — On connaît la théorie de l’automate conscient qui a été soutenue pendant ces dernières années par divers auteurs, en particulier par Huxley, Spalding, Clifford et Hodgson dans sa Theory of Practice. Cette théorie prétend qu’en toutes choses nous sommes extérieurement de pures machines matérielles. La sensation (feeling) n’est qu’un produit collatéral de nos processus nerveux, aussi incapable de réagir sur eux que l’ombre sur les pas du voyageur qu’elle accompagne. Cette théorie est une conséquence inévitable de l’extension du principe des actions réflexes aux centres nerveux supérieurs. Huxley part des actes, raisonnables à ce qu’il semble, d’une grenouille décapitée, et, passant de là progressivement aux hémisphères du cerveau humain, en conclut que tout doit s’accomplir de la même manière. C’est juste l’inverse de ce que fait Lewes, qui, partant des hémisphères et y trouvant des sensations, descend jusqu’aux dernières actions spinales et les explique par des sensations latentes. Le sens commun a sa théorie, qui est tout autre : et c’est en sa faveur que M. James veut invoquer des arguments que jusqu’ici on n’a pas fait entrer dans la discussion et qui se résument en un mot : l’utilité de la conscience. Pour la théorie de l’automatisme, c’est une superfétation inutile. Si donc nous pouvons établir l’utilité de la conscience, nous aurons renversé cette théorie.

À quoi sert une conscience surajoutée au système nerveux ? Le cerveau de l’homme, avec son développement énorme, est un organe de perfectionnement qui par là même présente des défauts caractéristiques. En effet, si nous prenons les actes des animaux inférieurs, ou, chez les animaux supérieurs, les actes des ganglions inférieurs, ce qui nous frappe, c’est leur parfaite détermination. La réponse au stimulus est parfaitement régulière. Quand il s’agit du cerveau, c’est tout différent. Comparer, par exemple, les actes parfaitement automatiques d’une grenouille décapitée aux actes d’une grenouille qui a son cerveau et qui suit ses émotions et ses caprices. On peut dire que les actions d’un cerveau supérieur sont comme un dé jeté constamment sur une table et qui n’amène pas toujours le plus haut nombre, à moins d’être