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physico-psychique. — Une nouvelle conception de la philosophie et du but de la métaphysique dans son rapport avec le savoir positif, une position originale en face de l’idéalisme d’une part et du réalisme dogmatique de l’autre, voilà les deux mérites immortels de Herbart, mérites qui nous forcent à considérer son système comme le véritable point de départ de la nouvelle direction philosophique, née sur les débris communs du transcendantalisme et du réalisme dogmatique, impossible après Kant, — direction qui seule possède toutes les conditions nécessaires d’une existence durable.

Faut-il rappeler encore les mérites de cet illustre penseur dans les autres parties de la science’? Nous avons eu déjà l’occasion d’apprécier les immenses services qu’il a rendus à la psychologie, et nous n’ignorons pas qu’il est généralement reconnu aujourd’hui pour le véritable réformateur de cette science. Tout erroné que soit son point de départ métaphysique, il n’en est pas moins avéré que nous lui devons l’application d’une méthode exacte aux recherches psychologiques et la réduction des divers phénomènes psychiques à un principe commun, ce qui a préparé le développement actuel de cette science.

Qu’il nous soit permis de compléter encore par quelques mots l’exposé des remarques de Zimmermann et de Drobisch sur la philosophie pratique, c’est-à-dire sur la morale de Herbart. Nous n’entreprendrons pas une analyse critique de ses « idées pratiques ». Ce n’est pas certainement dans cette théorie, qui a besoin encore d’être modifiée sous certains rapports, que nous voyons le mérite principal de Herbart. Il ne consiste pas également, selon nous, dans l’union étroite de la morale avec l’esthétique ; les plus grands services que Herbart ait rendus à la philosophie pratique, c’est de lui avoir donné une base originale et complètement indépendante de toute controverse théorique, et d’avoir trouvé la définition véritable de la liberté de la volonté. Nous savons déjà comment Herbart est parvenu à ces réformes importantes ; pour comprendre cependant la valeur de la première, il faut se rendre compte du danger qui résultait pour la société moderne de l’antagonisme continuel de tant de doctrines éthiques, complètement différentes et souvent même opposées les unes aux autres. Poser l’idéal moral au-dessus de toute discussion théorique, démontrer que rien ne saurait en atténuer le caractère absolu, — car le principe éthique, ayant son origine dans la nature morale de l’homme, restera éternellement le même, — c’est assigner assurément un point inébranlable à la philosophie morale, c’est la mettre à l’abri de tous les orages. Quant à la seconde de ces réformes, nous observerons encore que le problème