de cette procédure ? L’expérience qu’il institue pour découvrir les lois générales de la pensée discursive ne porte pas sur les faits eux-mêmes, car alors elle ne saurait conduire à la constitution d’une logique formelle ; elle permettrait seulement de classer les différentes sortes de vérités objectives en un répertoire général et méthodique, comme fait la philosophie positive. Elle porte donc sur les opérations mêmes de l’esprit, sans souci de la nature des vérités objectives. Mais Hamilton n’a jamais, que nous sachions, prétendu déterminer à priori les lois de la pensée sans considérer les opérations réglées par elles. Il soutient seulement que le mécanisme discursif fonctionne toujours d’après les mêmes règles, qu’il opère sur une matière objectivement vraie ou objectivement fausse. L’idée même de rechercher les lois de la pensée en tant que pensée implique que ces lois existent, abstraction faite des matériaux divers auxquels, en fait, elles peuvent être appliquées, et cela Mac Cosh ne pourrait le contester sans mentir au titre de son ouvrage.
Quoi qu’il en soit de cette critique générale, les Lois de la pensée discursive témoignent d’efforts souvent heureux pour éclaircir, justifier et ordonner ce qui dans les trouvailles d’Hamilton est de bon aloi.
La clef de tout l’ouvrage, ce qui permet de retrouver la pensée de l’auteur après qu’elle a paru brisée par des développements inévitables dans son manuel, est une théorie des notions. D’après M. Mac Cosh, une notion donnée doit être considérée à un double point de vue, celui de la compréhension et celui de l’extension. On l’avait dit avant lui et depuis longtemps, mais on n’avait pas encore montré qu’en fait ces deux points de vue doivent être soigneusement séparés l’un de l’autre.
Toute notion est concrète ou abstraite, singulière ou générale. Le plus souvent, on ne fait pas de distinction entre les notions abstraites et les notions générales. Il est vrai que toute notion générale est abstraite ; pour former une classe caractérisée par une ou plusieurs qualités communes, il faut avoir isolé mentalement ces traits généraux des traits individuels auxquels ils sont unis dans la réalité. Mais la réciproque n’est pas vraie ; toute notion abstraite n’est pas générale. L’esprit part des représentations individuelles ; il les démembre et forme ainsi les notions abstraites. Mais les notions n’ont par elles-mêmes aucune quantité ; on ne peut dire par exemple que blancheur, bonté, justice soient plus ou moins étendues l’une que l’autre. Ce qui a extension, ce sont les classes des objets blancs, des choses bonnes, des êtres justes, et la formation de ces classes est une opération postérieure à l’abstraction.
On va voir quelle lumière cette distinction, en apparence peu importante, va jeter sur quelques points obscurs ou litigieux des doctrines hamiltoniennes. On sait ce qu’Hamilton appelle la quantification du prédicat, et quelles conséquences on en a tirées aujourd’hui. On sait de même ce qu’il appelle syllogisme en extension et syllogisme en compréhension. Soit l’argument : Tout homme est mortel, Socrate est homme, donc Socrate est mortel ; on peut le traduire de deux façons :