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celle des éléments composants, la suppose et croît avec elle ; 3o la composition organique comporte un nombre indéterminé de degrés.

L’auteur termine en exposant avec détail les conceptions de Comte et de Herbert Spencer, qui ont cherché — le premier surtout — à fixer d’une manière systématique l’objet et la méthode de la science sociale.

Le corps de l’ouvrage a été soigneusement révisé. De nouveaux faits ont été ajoutés en assez grand nombre. La conclusion dogmatique a été l’objet d’un travail attentif, tendant à donner aux formules qui résument la pensée de l’auteur toute leur portée et en même temps plus de précision.

Th. R.

S. A. Byck. — Die Physiologie des Schönen. — La Physiologie du beau. Leipzig, chez Moritz Schäfer. 1878.

Ce livre, il faut en convenir, ne répond guère à ce que l’on doit attendre de son titre. On croit qu’il s’agit d’une publication analogue aux travaux de M. Helmholtz sur l’esthétique musicale, ou de MM. Fechner, Grant Allen, etc., sur les phénomènes de la vie qui précèdent ou accompagnent la perception du beau. Il n’en est rien, et l’on est fort étonné quand on vient à jeter un coup d’œil sur la table des matières. Celle-ci en effet contient à peu près tous les sujets principaux qui forment le domaine de la métaphysique du beau : Analytique du beau ; le Beau dans la nature ; le Beau dans l’art ; l’Idéal ; les Formes morales de la beauté ; la Grâce ; la Dignité ; le Beau moral ; le Sublime ; l’Humour ; la Satire ; l’Ironie ; le Comique ; le Laid ; l’Horrible ; la Caricature ; les Spectres ; le Ridicule.

Comment donc expliquer ce titre ? Il n’y a qu’à interroger l’auteur lui-même. Sa réponse non-seulement nous en donnera le sens, mais elle nous fera connaître l’esprit de son livre et la pensée qui a présidé à tout son travail, ainsi que la méthode qu’il a cru devoir suivre.

Dans son Avant-propos, M. Byck commence par s’élever vivement contre la méthode de construction systématique qui a si longtemps présidé aux travaux relatifs à la science du beau, comme à toutes les autres productions de la philosophie. Kant lui-même, dit-il, n’est pas à l’abri de ce reproche. Le grand penseur n’est pas parvenu à soustraire tous les faits du monde réel ou phénoménal à son formalisme métaphysique. Depuis, les esprits les plus exacts n’y ont pas mieux réussi. Non-seulement les riches productions de la nature, mais les créations de l’imagination humaine ont été mises sur ce lit de Procuste ; elles aussi, n’ont-elles pas été forcées à descendre dans cette arène du combat pour l’existence ? Le darwinisme lui-même devait être appelé à donner une explication des faits esthétiques. Notre auteur s’inscrit en faux contre cette méthode. Il faut que la métaphysique renonce à s’imposer ainsi à la science et à vouloir tout expliquer par un principe unique. On doit imiter la physique, qui admet plusieurs principes élé-