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ANALYSESsiebeck. — Ueber das Bewusstsein.

ditions physiques s’est produite l’apparition de la conscience, « comment les forces de la matière inorganique se combinent dans la matière affectée aux organismes pour produire leur résultante de vie, de sensibilité et de conscience. » Il se peut qu’on découvre à quel degré de l’évolution naturelle, dans quelles conditions de lieu, la conscience apparaît ; mais, comme on ne saisira jamais qu’une corrélation de faits, la question de l’essence de la conscience ne sera point résolue. « Loin d’être un produit du cerveau, la conscience est bien plutôt pour le cerveau même, où elle a son siège, la cause des sensations et des représentations. C’est son activité synthétique qui, par son intervention médiatrice, amène ces dernières à leur rang psychologique. Le cerveau, étant lui-même un percept sensible, rentre par là dans la série des produits de cette synthèse : qu’est-ce d’ailleurs comme chose en soi, nous n’en savons rien. »

Si la connaissance humaine trouve là sa limite, il est exact de dire en un autre sens qu’elle n’a point de bornes : c’est par là que termine M. Siebeck. D’abord la matière de nos études est toujours susceptible d’augmenter, grâce à de nouvelles recherches ; et ensuite, fût-elle toujours égale, l’esprit ne courrait point risque de s’évanouir dans une sorte d’automatisme instinctif. Il y aurait toujours heu de soumettre à de nouvelles épreuves et à de plus hautes synthèses nos connaissances et nos systèmes.

A. Debon.

H. Berg. — Le plaisir musical (die Lust an der Musik, Berlin, Behr, 1879, 58 pages).

L’opuscule que nous avons sous les yeux ne renferme que les premiers linéaments d’un programme que l’auteur se réserve de remplir un jour ; mais, tel qu’il est, cet essai n’offre pas un médiocre intérêt au philosophe et au musicien.

Les doctrines qui ont eu cours jusqu’à présent sur la musique paraissent à M. Berg pécher par le vague des idées et l’abus de la phraséologie. Ce jugement est un peu sévère, mais il est difficile de ne pas y souscrire. Depuis Platon jusqu’à Schopenhauer, cette partie de l’esthétique ne semble pas avoir fait de grands progrès. Le caractère indéfinissable du beau musical, la multiplicité des sentiments qu’il exprime et éveille, en ont fait un thème pour de brillantes variations plutôt qu’un sujet de recherches scientifiques : on n’y touche pas sans être emporté dans la « sphère de l’infini ». Plutarque admire surtout la musique « parce qu’elle préside aux révolutions des astres » ; le Père André distingue « le beau musical essentiel, absolu, d’institution divine, et le beau musical artificiel, qui peut céder quelque chose au caprice du compositeur. » M. Cousin, dès qu’il en parle, « sent emporter aux pieds de l’éternelle miséricorde son âme tremblante sur les ailes du