Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, VIII.djvu/144

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
revue philosophique

lesquelles cette pensée fondamentale se traduit dans les plus grandes critiques. La Critique de la Raison Pure défend surtout contre le scepticisme de Hume et les intempérances de la métaphysique, les droits du mécanisme physique. La Critique du Jugement entreprend de concilier la recherche de la finalité avec les exigences de la méthode mécanique, et de faire à la vie et à l’art une part qui ne coûte rien à la science expérimentale. C’est la conscience morale et la conscience religieuse que Kant veut rassurer contre les exigences de la science et du déterminisme par la Critique de la Raison Pratique et par la Religion dans les limites de la raison.

À qui faut-il rappeler que les préliminaires d’une métaphysique de la nature ne sont qu’une déduction à priori des principes mêmes de la physique newtonienne, et que leur seul défaut est de transformer trop aisément en vérités définitives et d’assimiler à des principes à priori les hypothèses mécaniques de la théorie de Newton ?

Les limites de cette étude ne nous permettent pas d’insister sur les traces de l’influence de Newton dans les écrits de la période critique : il est facile de les suivre dans le détail, après les indications qui précèdent.

Nous tenions seulement à montrer comment le génie de Kant s’était développé à l’école de Newton ; et comment sa métaphysique lui avait été inspirée, en bonne partie, par le besoin de concilier les exigences de la physique mécanique avec celles de la critique et de la conscience. Cette étude devait s’arrêter au moment où sa pensée, en pleine possession d’elle-même, de ses principes et de sa méthode, s’engage définitivement dans la voie de l’idéalisme transcendantal et des découvertes originales.

D. Nolen.