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périodiques.Vierteljahrsschrift für Philosophie.

Schneider : Du développement de la volonté et de ses manifestations dans le règne animal (1er  article).

De même que la théorie phylogénétique explique par révolution d’un organe rudimentaire et primitif la formation d’un organe postérieur et plus complexe, ainsi les mouvements volontaires, dans leur riche diversité actuelle, pourraient n’être que les dérivés et les transformations, par l’effet des lois mécaniques de l’évolution, d’une seule et même impulsion essentielle. Un des défauts habituels de la pyschologie des mouvements volontaires, c’est de conclure de la variété des effets extérieurs à celle des motifs déterminants. On oublie que le même vouloir s’exprime très différemment suivant la constitution morphologique des animaux. « Le même mouvement, la contraction totale du corps, peut avoir pour effet : 1o  l’éloignement du lieu du danger ; 2o  l’acte de cacher les organes les plus précieux ; 3o  ou celui de se retirer dans l’enveloppe protectrice ; 4o  même une projection au dehors de moyens défensifs. » Comme ces diverses formes de défense se rencontrent chez les animaux les plus infimes, il faudrait supposer chez eux une conscience distincte de l’étendue du danger couru, de la nature et du prix des parties menacées, de l’opportunité des mouvements exécutés, etc., ou, puisque cette explication paraît incompatible avec l’infériorité psychique des protozoaires ou des zoophytes, on est conduit à invoquer autant d’instincts différents que de procédés défensifs différents. Brehm, dans son beau livre sur les animaux supérieurs, n’a pas échappé à cette faute. Il rejette avec raison le recours trop facile à l’instinct ; mais il croit que la finalité des effets est toujours voulue et consciente. « La convenance de l’effet d’un mouvement a souvent sa cause dans le pur mécanisme de la sélection : ce qui le prouve, c’est que cet effet dépend absolument de la forme des organes, et celle-ci de la sélection. » — L’objet du présent travail est de retrouver, sous une classe d’effets variés, comme ceux des mouvements défensifs, une seul et même impulsion volontaire. L’auteur a surtout demandé les faits sur lesquels il s’appuie, à l’observation des animaux marins, soit dans le golfe de Naples, soit sur les côtes de Crète. — Tous les mouvements volontaires dérivent de deux principes : l’effort vers l’expansion, l’effort vers la contraction. À ce dernier doivent être rapportés les mouvements défensifs. Il est, en effet, le premier qui se manifeste dans l’évolution phylogénétique, et le seul qu’on trouve chez les animaux inférieurs ; toutes les autres formes de mouvement défensif n’en sont que des différenciations. L’auteur passe en revue les manifestations les plus curieuses du mouvement défensif dans la série animale. La loi est confirmée aussi bien par les expériences faites sur les rhizopodes, que Haeckel a le tort de trop rapprocher des plantes, et où l’absence de nerfs et d’organes distincts n’empêche ni la sensibilité ni le vouloir, comme chez les holothuries, dont les divers procédés de défense ont depuis longtemps provoqué l’étonnement des observateurs. L’explication de M. Schneider est très