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consultée, bien que le patriotisme de l’auteur trouble parfois l’impartialité de ses appréciations. Non seulement Nybläus plaide en faveur de l’originalité de ses compatriotes : il va jusqu’à soutenir que le débat séculaire de l’empirisme et de l’idéalisme n’a trouvé sa solution définitive que dans la philosophie de Boström. Pour lui, la philosophie allemande avec et après Kant ne s’est pas encore entièrement affranchie de l’empirisme. Schelling et Hegel, par exemple, soumettent l’absolu comme la nature à la loi de l’évolution, par suite à la loi des êtres finis, saisis par l’expérience ; et leur idéalisme ne s’élève pas jusqu’à la conception de la personnalité immuable et parfaite de l’esprit divin. Le système de Boström a réalisé ce progrès, et sa philosophie, sans identifier la nature et l’absolu, sait trouver dans l’idéalisme l’explication dernière des choses. La doctrine de Boström achève ainsi le développement de la philosophie suédoise, qui s’est fait sous l’action lente, mais profonde de l’Allemagne. Avec Daniel Boëthius (1751-1810), l’idéalisme critique fit sa première apparition à l’université d’Upsal. Benjamin Höijer (1767-1812) embrassa les doctrines successives des trois grands représentants de l’idéalisme absolu, Fichte, Schelling et Hegel. L’idée de l’harmonie morale des choses, le besoin d’un haut idéalisme inspirent tous ces philosophes. Mais on se demande si ces généreuses spéculations ne s’égarent pas trop aisément dans les chimères et les contradictions des visions transcendantes, et si la conscience et l’action ne s’accommoderaient pas mieux d’un savoir plus modeste, moins dédaigneux du relatif et de l’expérience.

Emil Wille. Que les représentations n’occupent aucune place dans l’espace. On parle sans cesse des idées qu’on a dans la tête, comme si la tête, le cerveau étaient non seulement l’organe, mais le siège des idées. Il semble que tout ce qui est doive exister en un lieu. Mais cela n’est vrai que des objets de la perception extérieure. Nos idées ou nos représentations n’occupent une place que dans le temps. Qu’on ne dise pas : Puisque, selon Kant, le monde n’est que notre représentation, notre représentation doit être étendue dans l’espace comme le monde lui-même d’après trois dimensions. Kant ne professe rien de pareil. Il n’est pas difficile d’ailleurs de distinguer entre l’image d’un corps qu’on voit en esprit et ce corps lui-même.

Schuppe : Logique fondée sur une théorie de la connaissance (Erkenntnissteoretische Logik ; Bonn, Weber, 1878). La philosophie allemande s’est enrichie, dans ces cinq dernières années, de quatre gros traités sur la logique, sans parler des éditions nouvelles ou des traductions publiées sur la même matière. En 1873 paraissait le 1er volume de la Logique de Sigwart, dont le second a été publié l’an dernier. — Lotze donnait, en 1874, une Nouvelle Logique comme première partie de son système de philosophie. En 1878 enfin paraissaient presque en même temps la Logique de Dühring et celle de Schuppe. Ces quatre ouvrages sont, à des points de vue et avec des mérites différents, une égale protestation contre le pur formalisme de l’ancienne