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ANALYSESmélusine. — Recueil de mythologie.

nombre de faits instructifs pour le psychologue, légendes, fictions superstitieuses, traditions et coutumes des peuples sauvages ou des peuples civilisés. Pour la psychologie nouvelle, pour celle qui se préoccupe du développement des croyances humaines et qui suit à travers les temps l’évolution de l’âme et de ses facultés, rien de plus précieux que ces études et ces analyses de mythologie ou d’ethnologie. En examinant, avec les collaborateurs de Mélusine, les superstitions populaires des provinces de France et « les croyances des sauvages de l’Afrique et de l’Australie, qui continuent devant nous les premiers âges de la pensée humaine, » les philosophes seront sans doute frappés de la ressemblance et même de l’identité qui caractérise les conceptions et les procédés Imaginatifs des hommes aux diverses époques de leur histoire : mais en même temps ils acquerront une idée plus précise des lois qui président soit au travail de l’imagination et à la formation des mythes, soit à l’élaboration lente et aux tâtonnements du sentiment religieux et du sentiment moral.

Signalons à ce point de vue comme particulièrement suggestifs les articles intitulés : Mythologie slave, Mythologie des îles Herrey, Mythologie des Esquimaux ; deux séries d’observations sur les Croyances, superstitions, préjugés des Vosges, et sur les Superstitions médicales de la Franche-Comté ; une curieuse étude sur l’Origine souterraine de l’espèce humaine d’après diverses légendes américaines, etc., etc. Ajoutons que les contes, chansons, poésies, facéties de toute espèce, recueillis par Mélusine sont de nature à jeter quelque jour sur l’état mental, sur les sentiments et les idées dont ils sont la traduction expressive.

Pour ces raisons diverses, le recueil que nous signalons au public est digne de figurer dans la bibliothèque des philosophes, à côté des ouvrages de psychologie historique qui ont rendu célèbres les noms des Lubbock et des Tylor. Nous n’avons qu’un regret : c’est qu’une publication aussi utile et aussi distinguée ait été interrompue au bout d’une année, au moment même où les informations lui arrivaient de tous les coins du monde, et que, fugitive comme la fée dont elle avait emprunté le nom, la Revue Mélusine n’ait fait parmi nous qu’une trop courte apparition.

G. C.