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s’individualisent, en vertu de la grande loi de l’association et de la division du travail. Et l’on comprend sans peine qu’il serait impossible de régler le développement de l’activité psychologique sans une connaissance complète et exacte des lois qui président à l’évolution de chaque faculté. » Mais il y a longtemps que l’on sait que les facultés de l’âme progressent peu à peu, et l’on n’a pas attendu la psychologie positive pour le dire. Il arrive quelquefois à M. Siciliani de prendre pour des nouveautés originales de vieilles idées dont la forme seule est changée.

Reconnaissons pourtant que personne jusqu’ici n’avait fait un effort aussi systématique pour énumérer et classer les sources diverses, les principes et les conditions de la pédagogie.

Dans une autre série de leçons, M. Siciliani s’occupe de classer les systèmes pédagogiques. Peut-être eût-il été plus naturel et plus logique qu’il rattachât à la pédagogie historique et non à la pédagogie théorique cette partie de ses recherches. Il est vrai que, négligeant les détails, l’auteur a voulu seulement réduire toutes les méthodes à un petit nombre de types. Pour opérer cette réduction, il se demande comment les divers systèmes répondent à ces trois questions :

1o  Quelle est la nature de la volonté ?

2o  Quels sont les caractères de la plasticité psychique ?

3o  Quel est le but de l’éducation ?

D’après ces principes de classification, M. Siciliani croit pouvoir compter trois doctrines pédagogiques essentielles, qu’il appelle la pédagogie orthodoxe, celle des Jésuites, la pédagogie mécanique, qui implique la négation absolue de la responsabilité morale, enfin la pédagogie psychologique, qui est la bonne. Avouons que cette classification nous parait arbitraire et superficielle, qu’elle ne va pas au fond des choses, qu’elle ne tient pas compte de la diversité des systèmes. Ici encore, on regrette l’insuffisance des explications ; on regrette de n’avoir qu’un résumé succinct à lire au lieu d’un cours détaillé à entendre. Qu’est-ce par exemple que cette pédagogie mécanique que l’auteur rapporte à Rousseau ? Il explique ensuite ce qu’il entend par pédagogie psychologique, quoique l’expression soit assez mal faite : il y a tant de tendances opposées en psychologie. D après lui, elle part d’un fait de conscience, « la notion lumineuse de la personnalité ; » elle tend à une fin, qui est « la fin morale par excellence ». M. Siciliani n’est pas, tant s’en faut, un fataliste : il admet un concept positif de la liberté. La question du libre arbitre est à ses yeux « la question de vie ou de mort de la pédagogie », et il la résout dans le sens de l’affirmation, considérant la liberté morale comme le principe de l’école à laquelle il appartient, l’école de la démocratie individualiste.

Après avoir combattu en passant la théorie d’Auguste Comte et de M. Herbert Spencer, qui demandent que l’éducation individuelle soit comme modelée et calquée sur l’ordre de l’évolution spécifique de l’humanité, M. Siciliani indique sans les développer les sujets d’études