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La condizione fisica della coscienza, discussione fra i professori F. Tocco e A. Herzen (Estratto dai Rendiconti della Societa Italiana di Antropologia e Psicologia), 1879. — Firenze, 1880.

M. Tocco attaque quelques points des théories de Herzen sur les conditions physiques de la conscience et sur la conscience de la moelle épinière. D’après M. Herzen, comme on le sait, la conscience est liée à la désintégration des centres nerveux ; les deux choses n’en sont qu’une ; mais comment expliquer ce lien entre deux phénomènes dont l’identité n’est certes pas évidentes ? D’un autre côté, Herzen, prenant une moyenne entre les opinions extrêmes de Maudsley et de Lewes, admet une certaine conscience obscure dans la moelle épinière ; mais, dit Tocco, ou bien les mouvements coordonnés d’une grenouille décapitée peuvent s’expliquer par un mécanisme compliqué de mouvements réflexes, et alors on n’a que faire de la conscience ; ou bien l’intervention de la conscience est indispensable pour expliquer de tels mouvements, et alors il faut admettre non une conscience générale et confuse, mais une conscience bien plus déterminée et précise.

M. Herzen dit qu’il n’y a pas à se préoccuper de l’explication de la conscience ; il n’y a qu’à chercher les conditions de ses manifestations. Or l’observation prouve que la désintégration nerveuse centrale produit la conscience, en est la condition physique, quand cette désintégration a une certaine intensité ou quand elle rencontre une certaine résistance. Au sujet de la conscience de la moelle épinière, Herzen maintient ses conclusions. D’après lui, les réactions habituelles de la moelle sont dues à un mécanisme déjà parfaitement organisé ; elles se font avec peu de désintégration et beaucoup de rapidité, et se produisent inconsciemment ; les réactions non habituelles présentent des caractères opposés et doivent sans doute s’accompagner d’un sentiment plus ou moins intense de bien-être ou de mal-être. M. Tocco objecte que, pour savoir si la conscience existe dans la moelle, il faudrait connaître les limites de la désintégration des centres rachidiens, et nous ne les connaissons pas.

Les deux professeurs s’occupent aussi du monisme et du dualisme. Herzen se déclaré moniste, mais il donne le monisme pour une induction probable, non pour un fait démontré. Pour lui, la question se pose ainsi : de même que dans le monde inorganique on n’admet plus deux essences différentes, la matière et la force, dans le monde organique, pour des raisons analogues, on ne doit admettre aussi qu’une seule essence. Tocco, qui accepte la loi sur les conditions physiques de la conscience comme une généralisation physiologique probable, pense qu’elles ne prouvent rien ni pour ni contre le monisme et qu’elle peut être acceptée par les dualistes les plus déterminés. Il me parait avoir raison sur ce point. La métaphysique d’Herzen me semble fondée sur une fausse analogie, sur la comparaison qu’il établit entre le rapport de la pile et de l’électricité, ou de la chaleur et du mouvement moléculaire d’un côté, et le rapport de la conscience et de la désintégration ner-