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analyses. — g. neudecker. Geschichte der Æsthetik.

une espèce de statique ou de mécanique des représentations individuelles. On croit y reconnaître un processus ; en réalité, il n’y a qu’une succession de changements, des groupes correspondant aux rapports qui naissent des intensités, qualités, représentations partielles ; le tout réglé par les lois du mécanisme psychique. On ne parle que de tension et de relâchement dans les états de l’âme qui sont des plaisirs et des peines. Nulle activité vivante ; le processus lui-même est artificiel. La vie manque aux parties comme à l’ensemble ; toutes ces formes en réalité sont vides. La science se réduit à observer le mécanisme des faits psychiques. Quant aux questions générales, vraiment esthétiques, il ne faut pas s’attendre à les voir traitées ni abordées de front, encore moins résolues. Ne demandez pas ce qu’est le beau. On vous dira que le beau ce sont les rapports qui nous plaisent nécessairement (nothwendige gefallende Verhältnisse) ; mais qu’est-ce qui nous plaît ? C’est ce qui est beau. Le beau est beau parce qu’il est beau, tel est le résultat net de l’esthétique herbartiste.

L’auteur poursuit la réfutation de cette doctrine qui place le beau dans l’apparence ou la forme, et qui ne suppose rien que la belle apparence. L’apparence de quoi ? car il faut bien admettre deux termes dont l’un serait l’expression de l’autre. Si on les place tous deux dans le moi, il s’ensuit que le beau n’est nullement quelque chose en soi, mais une simple image (Formbild). Comment arriver ainsi à un beau universel ?

« Dans cette doctrine, le beau est un enfant trouvé sans père ni mère, sans parents ni cousins. Il se réduit à une multitude de formes représentatives, chacune accompagnée de son coefficient ou augmentatif (zusaltz), et qui au fond ne représentent rien. Voilà le magnifique domaine du beau, d Pourquoi ces formes nous plaisent-elles plutôt que d’autres ? Pourquoi même les formes belles nous plaisent-elles ? Tout cela reste sans réponse. En résumé, on aboutit à un mécanisme sans vie. L’esthétique n’est qu’un abstrait formalisme, qui n’a pour objet que de schématiser des formes plaisantes ou des abstractions, comme la perfection, la grandeur, l’unité, la multiplicité, la vérité, etc. Mais la réalité du beau nous échappe. C’est ici l’opposé de l’esthétique spéculative, où l’idée qui est la chose principale exclut la forme et, à force de vouloir la soumettre à l’idée, l’efface et la détruit.

On le voit, M. Neudecker est encore plus sévère envers ce réalisme qu’à l’égard de l’idéalisme hégélien. Les mérites de l’esthétique herbartiste, selon lui, se réduisent à peu de chose. Tout au plus peut-elle servir à expliquer la technique de l’art. Mais il ne peut admettre qu’elle fournisse une nouvelle base psychologique ni un principe supérieur qui explique la pure forme du beau et qui donne la solution des problèmes scientifiques de l’esthétique. La déduction du mécanisme des représentations ; l’exposition des formes qui plaisent absolument, comme fait donné sans raison ; la recherche du principe de plaisir qui explique les jugements élémentaires que nous portons sur la beauté, etc., tous ces