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analyses. — g. neudecker. Geschichte der Æsthetik.

deux activités signalées déjà par Schiller dans ses Lettres sur l’éducation esthétique. M. Neudecker accuse lui-même cette affinité. Dans son exposé, du reste peu clair et assez pénible, il prétend montrer que Deutinger crée une vraie théorie génétique, déduction rigoureuse de la nature humaine, etc. Nous laissons à ses compatriotes le soin de prononcer sur cette théorie, qui nous paraît n’être pas sortie, malgré les efforts du disciple, des limbes où elle était restée enveloppée depuis la mort du maître.

Ch. Bénard.

W. James. The association of ideas, reprinted from The Popular Science Monthly, March 1880.

M. W. James s’est donné pour tâche, dans cette intéressante brochure, de montrer comment toutes les lois de l’association des idées peuvent en dernière analyse se ramener à une seule, la loi de l’habitude ; en particulier, comment les associations par contiguïté et les associations par similarité sont les formes extrêmes d’un même mode d’activité cérébrale.

Ce n’est pas que M. James veuille expliquer les lois de l’esprit par celles de la matière, et qu’il se flatte de réduire la conscience au mouvement. Il repousse expressément toute prétention de ce genre (I expressly repudiate the prétention to explain the form of consciousness in itself). Il se déclare incapable de décrire en termes de physique ou de mécanique les actes de la mémoire, la comparaison, le choix de la volonté entre plusieurs possibles égaux. Il paraît vouloir se tenir à égale distance des philosophes anglais et de l’école de Herbart, qui réduisent toutes les opérations de l’esprit à des associations d’idées et prétendent expliquer la pensée par ses seuls matériaux, et des hégéliens, qui invoquent à tout propos la Raison, avec une lettre majuscule, comme les musulmans invoquent Allah, et croient rendre compte de tout par son occulte et mystérieux travail. Si c’est la Raison qui mène le train de la pensée, d’où vient que nos idées sont tantôt si rapides, tantôt si lentes ? d’où vient leur variété infinie ? d’où vient que la solution d’un problème vainement poursuivie pendant des années se présente tout à coup, comme par hasard, au détour d’un chemin ? Comment, dans cette théorie, expliquer l’erreur, les hypothèses extravagantes, les croyances folles, simplement les rapprochements bizarres qui s’offrent à l’esprit de chacun de nous au cours d’une journée ? Comment expliquer la loi même de l’habitude, ce fait incontestable que nous nous souvenons plus facilement d’une chose que nous avons vue vingt fois, et qu’une longue persistance dans l’erreur nous rend le retour à la pensée juste à peu près impossible ? À tout le moins faut-il accorder que la raison pure est soumise à des conditions extérieures :