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périodiques. — Mind.

une survivance de ce que nous avons hérité de nos ancêtres (exemple, douleur causée par une amputation qui n’a pas d’utilité), et cet héritage est dans certaines circonstances un désavantage. L’auteur répond dans ce sens à certaines objections de James Sully, à celle-ci par exemple : À quoi sert un mal de dent ? — D’abord il a été d’une grande importance pour nos ancêtres anthropoïdes chez qui la mastication jouait un très grand rôle ; mais même maintenant, en nous gardant contre tout excès de ces organes, la douleur garantit la mastication, la digestion, la nutrition.

L’auteur montre ensuite comment, par suite de la civilisation, on en arrive à considérer le plaisir non pas comme un moyen d’avertissement, mais comme une fin qu’on poursuit, aux dépens de la vie elle-même.

Enfin on a objecté à la théorie de l’auteur que certaines maladies très graves ne sont pas accompagnées de douleur. Il répond que, pour tout organe dont les mouvements ne peuvent être que rythmiques, ce sentiment du plaisir et de la douleur serait inutile, le système cérébrospinal ou volontaire est sentant, le système sympathique ou automatique est insensible. On peut dire, en gros, que les nerfs du premier système sont répandus dans les divers organes dans la mesure où le plaisir et la douleur leur sont utiles, par exemple, la langue et les organes de la génération. Chez les mammifères, les testicules, qui ne sont que des glandes, sont cependant amplement fournis de nerfs cérébro-spinaux, à cause de leur importance. Il en est de même, chez les femmes, des ovaires et des glandes mammaires.

L’auteur croit d’ailleurs que le système nerveux sympathique n’est pas sans rapports avec le plaisir et la douleur, Il est plus développé chez les femmes et les enfants que chez les hommes et les adultes : ce qui s’accorde avec leur nature plus émotionnelle.

M. Grant Allen termine en s’excusant sur le caractère un peu décousu de son article : il désire seulement que le lecteur y trouve quelque chose de nouveau et de suggestif sur la question.

H. Sidgwick. Le système moral de Herbert Spencer. — Article consacré au livre The data, of Ethics dont nous avons rendu longuement compte (No du 1er janvier 1880, tome IX, p. 73). Nous ne mentionnerons que les critiques de M. Sidgwick. — Spencer se propose d’établir des règles de conduite sur une base scientifique. « C’est une investigation qui relève de la psychologie et de la sociologie plus que de la morale. Expliquer l’origine des conceptions morales courantes, ce n’est pas établir l’autorité de la morale ni expliquer pourquoi les croyances morales ont été tenues pour vraies. Spencer donne pour fin à la vie la vie elle-même, dont l’idéal doit être d’augmenter la quantité de plaisir ou de bonheur. Mais ici Spencer trouve le pessimisme sur sa route et n’en parle pas. Il faut espérer que, quand il complétera sa morale, il donnera les preuves scientifiques de son optimisme. — Le plaisir ou le bonheur étant posé comme but éthique, on ne sait pas