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présager de meilleurs, il faudrait bien se rendre à cette preuve, la meilleure de toutes, en ce genre, celle de Diogène, par le mouvement.


I


Pendant la première période de l’esthétique allemande, de Baumgarten à Kant, il ne faut pas s’attendre à rien trouver d’approfondi et de développé sur cette question, jusque-là presque entièrement abandonnée aux littérateurs ou aux historiens de la poésie et sur laquelle les philosophes, depuis Platon et Aristote, avaient à peine articulé quelques mots dans leurs écrits. Les auteurs des divers traités d’esthétique eux-mêmes s’en occupent peu ; ils ne le font que parce qu’ils s’y voient forcés, pour remplir une lacune, mais sans en soupçonner l’importance, uniquement parce qu’ils la rencontrent à chaque instant, soit dans la théorie des arts, soit dans l’histoire littéraire. Une petite part cependant lui est faite dans leurs analyses ; des définitions sont émises, que suivent quelques descriptions ; mais nulle part ne s’engage une discussion sérieuse ni sur la nature du ridicule et du comique ni sur le phénomène propre à l’homme qui en est l’effet, le rire, ni sur les formes si nombreuses et si variées qu’affectent le comique et le ridicule dans la vie réelle et dans l’art. Les solutions, presque toutes, ne sont que des variantes de la définition d’Aristote à laquelle s’ajoutent des accessoires vaguement entrevus ; aucun lien avec l’idée principale ne fait ressembler cet ensemble à une vraie théorie. Et cependant une science nouvelle est née qui appelle des recherches sérieuses, approfondies, sur ces questions comme sur les autres. Mais, à peine détachée des autres sciences, elle est toute préoccupée du soin de marquer ses limites, en particulier celles qui la séparent de la morale et de la logique, de distinguer le beau du bien et du vrai, d’analyser et de caractériser les faits sensibles et intellectuels qui y correspondent.

Baumgarten, le fondateur de cette science, ne songe pas qu’il y ait à côté du beau et du laid une autre forme de la pensée et du sentiment qu’il rangerait aussi sans doute parmi les « sentiments confus », le comique, mais qui mériterait bien aussi d’être étudiée, discutée et appréciée. Il la passe sous silence. Ses successeurs Meier, Eberhard, Mendelsohn, Sulzer, il est vrai, ne commettent pas le même oubli. Eux ne croient pas pouvoir se dispenser de donner à ce sujet une certaine place dans leurs écrits. Chez eux, la théorie des beaux-