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relle, appelée darwinisme, qui veut dériver la diversité d’aspects du monde organisé dune ou de plusieurs formes primordiales ; comment cela ? En ramenant toutes les formes divergentes à une forme ancestrale et finalement à une cellule primordiale. » Alors même qu’on serait parvenu à remonter l’arbre généalogique des espèces jusqu’à la cellule primitive, comme nous ramenons en fait l’organisme individuel à la cellule-œuf, malgré l’extension considérable de savoir qui en résulterait, nous ne posséderions pas encore une réelle explication : pas plus que dans la connaissance de l’état primitif de l’individu l’on ne trouve l’explication causale de ce dernier. En réalisant cette simplification de forme, la science n’aurait en rien avancé la simplification de cause, les causes d’évolution demeurant nécessairement diverses au sein des différentes cellules-mères.

La formation de l’Urzelle du règne organique par voie de generatio æquivoca ne saurait être sérieusement discutée, ne s’appuyant sur rien. En fait, la cellule vivante ne se forme que dans un organisme maternel : qu’on nous montre donc l’équivalent primitif du sein maternel.

Supposé tout ce qui précède accordé, voici le nouvel écueil où le darwinisme viendrait se briser : la forme d’organisation supérieure ne saurait descendre de l’inférieure, parce qu’elle implique des éléments dynamiques tout nouveaux dont la dernière est dépourvue. « En général, il nous est possible de ramener à leurs causes les effets quantitatifs, mais nullement les effets qualitatifs. Jamais nous ne concevrons comment les propriétés de l’eau résultent des propriétés de ses éléments composants, oxygène et hydrogène, les propriétés de l’albumine de ses éléments chimiques ; pourquoi à tel arrangement de la matière correspond la forme cristalline ; pourquoi la combustion ou le frottement engendre de la chaleur, pourquoi la cellule croît, pourquoi le nerf sent, et le cerveau pense, la pensée ne fût-elle rien de plus que l’activité du cerveau.. » Remarquons encore que le darwinisme méconnaît l’unité harmonique de tout organisme : ce n’est plus pour lui qu’un conglomérat de membres et de propriétés fortuitement produit. Enfin, eût-on expliqué toutes les manières d’être d’un individu d’après son organisation et d’après les lois physiques, il faudrait encore expliquer l’organisation elle-même. Le darwinisme, il est vrai, érige le devenir, l’évolution des êtres organisés et du règne organique lui-même en nécessité naturelle ; par malheur, il est impossible de tirer logiquement un état donné d’un être organisé de l’état antécédent : l’expérience seule nous montre le premier uni au second.

« En résumé, dit Wigand, la multiplicité et la diversité de structure des êtres organisés, leur groupement selon leurs rapports de ressemblance ou de différence ; la frappe spécifique de chaque être organisé comparé aux autres ou aux propriétés générales de la matière ; la formation des êtres individuels par l’association de leurs parties élémentaires et la merveilleuse réciprocité d’action de ces parties ; l’évolution régulière de chaque organisme individuel, chaque effet étant différent de sa