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point, que tout soit illusion et duperie. Admettre que des centaines d’observateurs, sagaces et réservés d’ordinaire, se sont laissé abuser par des mystifications prolongées, que ces mystiiications s’exercent sans cesse, n’apportant nul profit que des vexations insupportables à ceux qui s’y complaisent, et supposer que cette plaisanterie se soit répétée sans se modifier, pendant un siècle, dans les pays les plus divers, c’est tomber dans un excès de prudence. Pour tout homme qui a examiné la question, il est aussi ridicule de douter de la réalité du somnambulisme que de la réalité de l’épilepsie. Au demeurant, s’il est encore des gens qui hésitent, qu’ils voient par eux-mêmes, qu’ils étudient, qu’ils expérimentent, ils seront bientôt convaincus que leur doute n’est pas justifié, tant les faits sont nets, éclatants, tant ils imposent à toute hésitation leur autorité supérieure.


II. — Des symptômes.

Tout le monde sait qu’il y a plusieurs degrés dans le sommeil. Il y a cet état de somnolence qui précède le vrai sommeil. Il y a le sommeil profond des premières heures de la nuit. Il y a, enfin, le sommeil léger du matin. Entre ces trois degrés, les transitions sont insaisissables. Cependant il y a avantage à établir une classification qui facilite le langage et précise la description.

De même que pour le sommeil, nous établirons trois degrés, trois périodes pour le somnambulisme. Ce sont des phases, des étapes, que parcourt successivement le somnambule pour arriver au sommeil profond, définitif. Selon qu’on prolonge plus ou moins de temps les pratiques du magnétisme, on obtient le somnambulisme du premier, du deuxième ou du troisième degré.

Le premier degré, nous rappellerons période de torpeur ;

Le second degré, période d’excitation ;

Le troisième degré, période de stupeur.


1er degré. — Lorsque, suivant les procédés empiriques et ridicules qu’il faut employer pour obtenir des effets magnétiques, on fait des passes sur la tête et le front de la personne qu’on veut endormir, au bout de cinq à quinze minutes on voit survenir dans sa physionomie un changement très profond. Les traits se tirent, les yeux se ferment, les membres retombent alourdis sur le fauteuil. Les éclats de rire et les plaisanteries du commencement de la séance