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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/380

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C’est, en effet, ce qui a lieu pour la tonicité musculaire des somnambules ; cette tonicité, qui est un mouvement réflexe à l’état normal, devient, dans l’état de sommeil hypnotique, très exagérée, et l’excitabilité du muscle est énorme.

Ainsi, à une hystérique en état de somnambulisme ou à un hypnotisé, il suffit de toucher très légèrement un muscle quelconque pour qu’aussitôt ce muscle non seulement se contracte, mais encore se contracture. Tous les muscles peuvent présenter, sous l’influence de cette manipulation, ce même phénomène. On peut même provoquer la contracture des muscles de la respiration, expérience qui n’est pas sans danger et ne doit pas être prolongée trop longtemps.

Cette contracture est extrême, et ceux qui la voient pour la première fois sont étonnés de la force avec laquelle le muscle peut rester raccourci. Lorsque les fléchisseurs, par exemple, sont contractés, ramenant les doigts dans la paume de la main, il est absolument impossible, quelque force qu’on déploie, de vaincre ce raccourcissement. Les muscles se rompraient plutôt que de céder.

Bien des phénomènes, soi-disant merveilleux, obtenus par les magnétiseurs, ne sont dus probablement qu’à cette contracture. On peut, en effet, contracturer les muscles de la langue, de la flotte, du globe oculaire, ce qui produit des effets singuliers, paraissant surnaturels aux ignorants et simulés aux observateurs superficiels.

Non seulement le muscle, mais le nerf moteur lui-même, est devenu plus excitable. M. Charcot a bien montré ce fait. Si l’on presse très légèrement sur le nerf facial d’un somnambule, on verra aussitôt se contracter tous les muscles innervés par ce cordon nerveux. En pressant légèrement derrière l’oreille, on réussit à faire se contracter les petits muscles, rudimentaires chez l’homme, dont la fonction serait de mettre en mouvement le pavillon de l’oreille. Sous l’influence de cette contraction, le pavillon de l’oreille t’ait quelques légers mouvements, facilement appréciables, assez marqués certainement pour qu’on tire de ce fait une des bonnes preuves contre l’hypothèse de la simulation.

Cette hyperexcitabilité réflexe des muscles n’est pas spéciale à l’état de somnambulisme, elle existe aussi chez toutes les grandes hystériques. Dans des recherches faites avec Brissaud sur ce point, nous avons montré que les muscles d’une hystérique se contracturent dès qu’on les tend fortement. Cela établit une relation entre l’hystérie et le somnambulisme, relation évidemment très étroite et dont on ne saurait exagérer l’importance. Dans l’un et l’autre cas, les muscles sont devenus très excitables, l’action réflexe est devenue