Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/427

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
417
h. marion. — le nouveau programme de philosophie

reconnu lui-même, si je ne me trompe, la bonté de ces raisons, et qu’on ne pouvait en tout cas entrer utilement dans la voie qu’il indiquait, avant l’achèvement de la réforme classique, bien autrement réclamée par l’opinion et autrement urgente.

Le programme de philosophie a donc été simplement refondu. Voici les améliorations qu’on croit y avoir apportées :

La première à remarquer, et peut-être la plus importante, consiste dans cette note finale : L’ordre adopté dans ce programme ne doit pas enchaîner la liberté du professeur, pourvu que les questions indiquées soient toutes traitées. Cette note consacre officiellement ce qui était le fait, mais non le droit. Quoiqu’on ait pris soin de ranger les questions dans un ordre naturel que pourront suivre en confiance les professeurs qui n’ont point de préférence personnelle, il demeure acquis que tout professeur bien maître de ses matières et sûr de lui peut disposer son cours de la manière qui lui semblera la plus logique. En cela il ne relèvera que des chefs qui ont qualité pour juger la valeur de son enseignement. On a entendu, non le soustraire à tout contrôle, ce qui n J était ni ne pouvait être demandé par personne ; mais rendre son indépendance aussi entière que possible, à la seule condition qu’il ait du talent et un sentiment scrupuleux de tous ses devoirs. Le Conseil eût presque été d’humeur à mettre une note analogue au bas de tous ses programmes, persuadé que l’excellence d’un programme imposé n’a jamais suffi à faire un bon enseignement. L’essentiel est que le professeur aime sa tâche et sente sa responsabilité, ce qu’on obtient d’autant plus sûrement qu’on le laisse plus libre et qu’on le traite moins en employé[1]. Dans certaines classes pourtant, il fallait bien que le programme parlât avec autorité : dans les classes par exemple et pour les parties de l’enseignement où il s’agissait de rompre avec d’anciennes routines, de réaliser des réformes jugées nécessaires. Mais, tel n’étant pas le cas pour la philosophie, c’est à l’unanimité et sans discussion qu’on a décidé de présenter le programme de cette classe comme une simple direction pour les professeurs, comme une indication des questions à traiter dans les cours et à poser dans les examens. Il assigne en même temps un ordre dans lequel ces questions pourraient se ranger convenablement. À cet égard il aura l’autorité que lui vaudra sa valeur intrinsèque.

  1. C’est le mot heureux de M. J. Simon : « Vos programmes ne seront bons, a-t-il dit à plusieurs reprises, que si vos professeurs ont du talent ; mais ils n’en auront que si on leur demande d’être vraiment des maîtres, non des employés. »