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analyses. — luigi ferri. Sulla dottrina dell'associazione.

ture de l’intelligence, si nous lui devons nos principes essentiels. C’est un point de vue qui lui est entièrement étranger. Il cherche seulement à satisfaire sur ce point une curiosité superficielle ; sa philosophie est anodine et enfantine. Il rapproche l’association de l’habitude et cherche à les identifier sous la dénomination de loi de la coutume (law of custom). C’est en vertu de cette loi, dit-il, que toutes nos activités deviennent avec l’exercice plus promptes et plus sûres : d’où une autre loi, dont la première dérive, la loi de perfectionnement (law of improvement to perfection). « C’est donc une loi très excellente et très utile. » Il distingue ensuite les idées complexes des idées associées. Toutes les fois que nous concevons ensemble les diverses qualités inhérentes à un objet, comme la couleur, la forme et le goût d’un fruit, cela n’a rien de commun avec l’association des idées ; nous associons au contraire des idées quand nous nous rappelons les circonstances dans lesquelles nous avons mangé de ce même fruit, et que ces circonstances nous le rendent agréable ou désagréable. Il faut donc que l’idée associée n’appartienne pas à l’objet ; bref, il n’est question sous ce nom que d’un lien accidentel et fortuit. Toutes nos idées ont gardé quelque chose de ces rencontres antérieures avec d’autres idées, et cela est inévitable, le monde étant gouverné par des lois. Turnbull ne s’aperçoit pas que cette raison détruit sa théorie, car l’enchaînement des phénomènes dans le monde n’a rien d’accidentel ni de fortuit. Il passe outre et s’efforce d’établir que toute la science consiste à séparer les idées précédemment associées. Les sciences morales comme les sciences de la nature ne font pas autre chose. À quel signe reconnaît-on les associations fausses des associations vraies ? quelles sont celles qu’il faut rompre quand elles sont formées et soigneusement éviter quand elles ne le sont pas encore ? C’est ce que le bon Turnbull ne dit pas. Mais il recommande à son lecteur d’être bien circonspect dans l’association ! Elle est environnée de tant de dangers moraux et intellectuels qu’on pourrait en faire une objection contre la Providence et demander comment celle-ci a pu nous donner une faculté aussi fallacieuse. Rien de plus facile que de repousser l’objection. La loi de l’association est la condition du progrès, elle nous permet de retenir la marche des phénomènes ; « sans elle, la nature nous serait toujours nouvelle ; » elle nous est enfin la source de la plus agréable occupation, puisque nous prenons le plus grand plaisir, une fois nos idées associées, à les dissocier et à en démêler l’écheveau (unravelling ideas of association is a very agreable employment, etc.). Par elle encore, nous pouvons augmenter ou diminuer la force de nos désirs. Les idées semblables s’associent facilement ; de là l’esprit et le jugement, qui ne sont que des manières diverses d’associer les idées. L’association fait donc la différence des talents, elle fait aussi la différence des caractères moraux ; l’association dépendant de nous, notre caractère moral en dépend lui aussi. Mais le grand souci du moraliste et de l’homme qui veut devenir meilleur doit être, pour l’un d’enseigner, pour l’autre de