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DU SOMNAMBULISME PROVOQUÉ

(suite)[1]
III. — Du somnambulisme des animaux.

Il semble que pour juger la question de la simulation rien ne soit plus simple que d’expérimenter sur des êtres incapables de jouer la comédie. Toutefois on se heurte alors à de grandes difficultés, telles qu’elles n’ont pu encore être complètement surmontées. Il est probable, en effet, que la spontanéité cérébrale, si évidente chez l’homme, n’existe que rudimentaire chez les autres animaux. S’il est vrai, ainsi que nous allons chercher à le montrer, que tous les symptômes du somnambulisme soient dus à l’abolition de cette spontanéité cérébrale, il s’ensuit que les phénomènes du somnambulisme seront très faiblement accentués chez les animaux autres que l’homme. Aussi toutes les recherches faites sur les animaux sont-elles médiocrement probantes, n’apportant que peu de lumière dans l’obscurité de la question.

En 1646, le Père Kircher[2] publia, dans un livre intitulé : Ars magna lucis et umbrae, sa fameuse expérience sur l’hypnotisme. En faisant, devant le bec d’un oiseau, d’un coq principalement, une raie sur le sol avec un morceau de craie, on rend l’animal complètement immobile.

Cette expérience a été reprise par Czermak[3], qui l’a étendue à

  1. Voir le numéro précédent de la Revue.
  2. Il est probable, d’après Preyer (loc. cit., p. 97), que Daniel Schwenter, dans un livre intitulé : Deliciæ physico mathematicæ (Nuremberg, 1636, p. 562,) et un auteur inconnu de la même époque, un professeur de l’Université de Paris, dont Schwenter ne donne pas le nom, avaient fait avant Kircher la même expérience. J’ai entre les mains un autre livre de Kircher intitulé : Magnes sive de arte magnetica opus (Cologne, 1643,) où l’on trouve des considérations curieuses sur le magnétisme des animaux (liber III, pars VI, p. 657 à 677. Magnetismus animalium. Le crpaud, l’anguille, le cerf, la torpille, le rémora et quelques poissons fantastiques, comme la sirène, sont des animaux magnétiques.
  3. Comptes rendus de l’Académie de Vienne, 1872, p. 361, et Archives de Pftüger t. VII, p. 107 à 121.