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ch. richet. — du somnambulisme provoqué

d’autres animaux, à de petits oiseaux, par exemple, et à des écrevisses.

M. Preyer, reprenant ces expériences, a attribué à la frayeur les phénomènes qu’on voit survenir chez les animaux dans ces conditions. Des écrevisses, des grenouilles, des cochons d’Inde, des lapins, peuvent être rendus immobiles de différentes manières. Le plus souvent on réussit en excitant fortement les nerfs de la sensibilité. Cette excitation provoquerait la mise en jeu de l’appareil inhibiteur des centres nerveux supérieurs. Dans une récente communication à la Société médicale d’Iéna (28 mai 1880), M. Preyer s’exprime ainsi : « J’ai hypnotisé beaucoup d’animaux, et je suis arrivé à cette conclusion que, par des excitations périphériques, on peut produire chez eux deux actions d’arrêt différentes. Le premier état est un état de cataplexie, c’est-à-dire une sorte de frayeur et d’épouvante, une paralysie par la frayeur. Le second état est un état d’hypnose. Les animaux, comme les hommes, deviennent cataplégiques à la suite d’excitations périphériques qui sont soudaines, brusques et violentes. Ils deviennent hypnotiques à la suite d’excitations périphériques qui sont prolongées, faibles et uniformes. Il y a de très grandes différences individuelles, quant à la manière de réagir entre les divers animaux, comme entre les diverses personnes. Si l’on serre légèrement, avec une pince à pression, les narines d’un cochon d’Inde, ou si on le tient doucement par l’oreille entre les doigts, au bout d’une demi-minute il devient hypnotique. On peut alors écarter la pincette ou les doigts, l’animal conserve un état de stupeur telle qu’on peut le placer, sans qu’il remue, dans les positions les plus bizarres. Un léger choc ou l’insufflation suffisent pour le faire revenir à l’état normal. Cette hypnose ressemble beaucoup à la cataplexie ; elle en diffère surtout en ce que les hypnotiques peuvent remuer les membres, tandis que ces mouvements sont impossibles chez les cataplégiques[1]. »

Le premier mémoire de M. Preyer sur la cataplexie est assez instructif, et, outre les faits nouveaux observés par cet expérimentateur, il contient une critique détaillée des travaux antérieurs.

Si l’on saisit brusquement un cochon d’Inde de manière à le maintenir de force dans l’immobilité, le ventre en l’air, au bout d’une ou deux minutes il restera tout à fait stupide, inerte et sans mouvement. Avec une poule, un coq, même avec un lapin, la même expérience réussit très bien. On peut alors l’exciter en soufflant

  1. Cette distinction entre la cataplexie et l’hypnotisme ne laisse pas que d être arbitraire et hypothétique. Les phénomènes qu’on observe ne se présentent pas malheureusement avec cette netteté caractéristique.