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que nous retrouvons au sommet de la science, c’est donc, avec la nécessité logique, l’intuition immédiate (nous avons vu que les principes logiques eux-mêmes, s’ils tirent leur nécessité de la Pensée, tiennent leur évidence de l’intuition). La Pensée Logique en parfait accord avec l’intuition, tel est le principe de la science. Les éléments non hypothétiques du concept de Substance, les axiomes physiques participent tous en effet à l’évidence de l’intuition, par l’intermédiaire de la nécessité logique. Et le but dernier de la science est de soumettre toutes les lois de la nature au Principe de raison, à seule fin d’étendre l’évidence du concept de substance, arrivé au terme de son évolution, et celle des axiomes physiques, à tout l’ensemble des séries de phénomènes. On voit ainsi la carrière qui reste à parcourir à la science humaine. Dans les parties les plus avancées de son domaine, elle n’a encore réduit ses lois qu’à une subordination logique incomplète, elle n’en a relié aucune à quelque axiome ou à quelque propriété évidente et nécessaire de la Substance matérielle. Elle n’a donc pas encore réalisé la véritable causalité nécessaire. Elle est encore obligée de se contenter d’une, nécessité empirique, et c’est seulement la conviction, mais la conviction légitime, que l’enchaînement logique des lois peut remonter jusqu’à des axiomes, qui l’autorise à considérer cette nécessité comme absolue.


V


Nous espérons, par cette analyse rapide de la théorie de M. Wundt sur la Substance et la Cause, avoir donné une idée générale de sa Théorie de la connaissance. Nous en avons signalé l’idée dominante, qui est au fond celle de presque toute la philosophie contemporaine allemande, c’est-à-dire de cette philosophie qui, tout en critiquant, dans le détail, le système kantien, prétend demeurer néanmoins sur le terrain de Kant et reste profondément kantienne d’esprit. Cette idée que, depuis Kant, les Allemands n’ont jamais complètement abandonnée, est celle de l’élaboration des données de l’expérience par la Pensée. Il y a dans la connaissance humaine deux éléments, l’un actif et l’autre passif, l’un à priori, l’autre à posteriori. Le premier pour M. Wundt, comme pour la majorité des philosophes modernes allemands, c’est la Pensée elle-même douée de certaines fonctions ; ces fonctions, seulement chez M. Wundt, se réduisent aux fonctions logiques et à la tendance qui en résulte à réduire l’expé-