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périodiques. — Philosophische Monatshefte.

rite de Kant pour confirmer sa doctrine. Kant a soutenu, en effet, comme Hartmann, l’opposition de l’inclination et du devoir, et professé que la raison pratique ou la volonté morale n’a rien de commun avec la sensibilité. Mais c’est là une des plus grandes erreurs de l’illustre philosophe. « C’est faire du devoir la plus exécrable des tyrannies et imaginer dans la félicité céleste une pureté chimérique, que de vouloir que la volonté morale ne jouisse pas comme de son bien propre du bien absolu qu’elle poursuit. » La vraie vertu ne réside pas dans la lutte contre les penchants, mais dans l’accord joyeux du penchant et de ce que la raison demande. L’éducation et l’habitude peuvent seules développer en nous une telle volonté. « Toute tendance est une aspiration vers la félicité. Le vrai bien est en même temps le vrai contentement… Psychologiquement, toute moralité repose sur le sentiment, parce que le sentiment est l’unique mobile des actions humaines. »

Theodore Fechner : La philosophie de la lumière en regard de la philosophie des ténèbres (Die Tagesansicht gegenueber der Nachtansicht, Leipzig, Breitkopf und Haertel, 1879).

Le vieux et illustre champion de l’idéalisme oppose, dans une dernière profession de foi, la philosophie qu’il a tant de fois défendue aux doctrines contraires du présent, au phénoménalisme, au positivisme, au matérialisme, même au criticisme. Fechner professe une sorte de panthéisme adouci qui rappelle la philosophie de la nature du vieux Schelling, qui séduit comme elle plus qu’il ne convainc. On n’y voit pas clairement quelle distinction l’auteur fait entre Dieu et le monde ; les principes y sont partout affirmés plutôt que démontrés. Fechner ne laisse pas échapper l’occasion, qui s’offre à lui, de rompre une lance en faveur du spiritisme, à l’exemple de son ami Zœllner.

Ragnisco : La critica della ragion pura di Kant. Napoli.

Ragnisco appartient à l’école de Hegel. Il trouve chez Kant non pas seulement une théorie de la connaissance, mais encore une doctrine vraiment métaphysique. Il fait de Fichte, de Schelling et de Hegel les véritables continuateurs de Kant. Ils n’ont eu qu’à développer les germes contenus dans la doctrine du maître. « Sans Fichte, Kant demeure presque incompréhensible ; Hegel a résolu le premier le problème que Kant s’était posé… L’auteur de la doctrine de la science, celui de l’idéalisme transcendantal, celui de la phénoménologie de l’esprit sont des philosophes vraiment critiques, non d’aventureux dogmatiques. » Les néokantiens de notre temps ne sont pas près de s’entendre avec ce nouvel interprète, dont la pensée rappelle parfois celle du regrettable Harms.

R. Eucken, Recherches pour servir à l’histoire de l’ancienne philosophie allemande. III, Théories de Paracelse sur l’évolution.

La 1re  édition complète des œuvres de Paracelse par Ruser (1589) est la seule qui mérite confiance ; encore le plus prudent est-il de s’en tenir aux parties que Huser déclare avoir collationnées sur les manuscrits mêmes de Paracelse. La doctrine qu’on y trouve n’est pas tout à