Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/659

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


ANALYSES ET COMPTES-RENDUS




Karl Rosenkranz. — Von Magdeburg bis Kœnigsberg (Jubiläum Ausgabe). Leipzig, Koschny. 1878.

Karl Rosenkranz est né le 23 avril 1805, à Magdebourg. Il est mort l’an dernier, professeur à Kœnigberg, où, disciple de Hegel, il enseigna la philosophie dans la même chaire où s’étaient assis Kant et presque immédiatement après lui Herbart. Dans le livre De Magdebourg à Kœnigsberg, il raconte la première partie de sa vie, son enfance, sa jeunesse, ses années d’étudiant, ses débuts dans l’enseignement universitaire, jusqu’au moment où il fut appelé de Halle à Kœnigsberg. Nous connaissons peu de livres plus intéressants que cette autobiographie, dont nous allons tâcher de retracer les traits principaux. Nous passerons rapidement sur ses années d’enfance, quelque charme que lui-même ait pu éprouver à se les rappeler dans son vieil âge. Malgré son nom tout allemand, il était par sa mère d’une famille de ces réfugiés réformés si nombreux, que les persécutions religieuses avaient chassés de France et que la Prusse se trouva heureuse d’accueillir. De là sont sortis en effet beaucoup de ses enfants les plus illustres. Sa famille était dans une position assez aisée pour lui donner une excellente instruction. Toutefois il sut se dérober trop souvent à la surveillance des siens, prenant part à des batailles entre enfants de son âge et à d’autres escapades du même genre. Une certaine violence n’était pas inséparable de cette nature robuste et infatigable ; étranger à la crainte, il s’exposa plus d’une fois, même à un âge plus avancé, à des dangers qui auraient pu avoir une issue fatale. Quoique momentanément sujet du roi Jérôme, le jeune Rosenkranz n’en était pas moins resté Prussien dans lame et vit avec des transports de joie les Français céder enfin la place aux vainqueurs de la bataille des nations. Pourtant, comme Gœthe, à une époque bien antérieure, celle de la guerre de Sept ans, il avoue qu’il n’eut qu’à se louer des officiers français que son père avait eu à loger. Au milieu des péripéties du siège de Magdebourg et des graves préoccupations de ses parents, il sent que, livré à lui-même et presque libre de tous ses mouvements, il fut préservé d’une certaine sauvagerie par le culte du beau. Magdebourg renfermait des œuvres d’art dignes de fixer l’attention. Au premier rang était la cathédrale, le Dom, comme on dit en Allemagne. Notre auteur avait vingt-huit ans à la mort de l’illustre patriarche de la littérature allemande ; il a donc pu