Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, X.djvu/678

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
668
revue philosophique

d’infini, indiquent les limites tout idéales. Ces idées, cet « idéalisme » auquel l’homme parvient par la voie expérimentale, sont d’ailleurs la conséquence d’un « idéalisme antérieur, extérieur et supérieur » à notre pensée, car la nature est comme une raison impersonnelle agissante, un « fonctionnement d’idées pures » qui nous sont extérieures et qui forment successivement notre raison personnelle intérieure.

Si nous ajoutons à cela que, pour M. Coste, l’âme est la formule idéale suivant laquelle l’organisme humain est disposé, la loi particulière en vertu de laquelle il fonctionne, que Dieu se réduit à la nature impersonnelle, la Providence à la puissance sociale, source de toute force et de tout bonheur individuel, l’immortalité de l’âme à l’hérédité de la famille, on comprendra peut-être ce que M. Coste entend par « l’adaption du spiritualisme à la méthode expérimentale ». Resterait à savoir si la méthode expérimentale peut s’accommoder d’un idéalisme extérieur, antérieur et supérieur à la pensée humaine, et si le spiritualisme, d’autre part, peut se contenter d’une âme qui n’est qu’une formule.

H. D.

Th. Bernard. — Éléments de philosophie. 1880, Paris, Eugène Belin.

Comme l’auteur prend soin de nous en informer dans sa préface cet ouvrage, destiné aux élèves de l’enseignement secondaire, n’est pas un traité de philosophie ; ajoutons que ce n’est pas davantage un manuel. Il n’a ni l’ampleur de développement ni la simplicité de plan que supposent l’un ou l’autre titre. Les philosophes de profession ne liront pas sans intérêt les passages où sont traitées avec une certaine étendue quelques questions importantes ; mais ils pourront être rebutés presque partout ailleurs par la multiplicité des divisions et la sécheresse des résumés. Dans son scrupule à ne rien omettre, l’auteur n’a pas osé sacrifier un seul des sujets et des points de vue traditionnels de la philosophie d’école ; de là un luxe de distinctions et d’indications plus onéreux peut-être que profitable aux élèves. Il essaie cependant de faire une part aux théories de la philosophie contemporaine ; et cela même achève d’ôter toute unité à son livre.

Mais ce sont là défauts de forme plus encore que de fond, inévitables sans doute dans ces sortes d’ouvrages. À un autre point de vue, on ne peut que louer l’auteur d’avoir accordé la plus large place aux parties « où la philosophie, s’appropriant les procédés de la science, semble bien près de devenir science elle-même ; » je veux dire la psychologie, la morale, et surtout la logique, si négligée d’habitude. Les chapitres consacrés à la logique sont en effet ceux qui nous paraissent le plus heureusement traités ; nous regrettons seulement de n’y pas