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périodiques. — Brain : A Journal of neurology.

1o Expressions qui reviennent continuellement. — Immédiatement après l’attaque, les aphasiques peuvent n’avoir aucune forme de langage à leur service ; mais, au bout de quelques jours, ils peuvent prononcer des mots, des phrases qui constituent un fonds qui leur servira à tout propos.

M. H. Jackson divise ces expressions en quatre groupes :

1o C’est parfois un jargon. Exemple : « Jabby, me, me connuittimy, pitty my, lor, deah. » Ces expressions n’ont aucune valeur comme proposition.

2o Parfois c’est un mot qui est conservé : « homme », « un », « vénérable ». Chez un individu sain, un mot peut représenter une proposition. Si l’on demande par exemple à une personne combien elle veut acheter d’oranges et si elle répond : « une », elle fait une proposition. Chez l’aphasique, ces mots n’ont pas plus de valeur qu’un jargon.

3o L’expression qui revient toujours est parfois une phrase. Ex. « venez », « venez à moi », « oh ! mon Dieu ! », « oui, mais vous savez ».

4o Enfin il n’est pas rare que la seule expression qu’ait conservée le malade soit « oui » ou « non ». Le plus souvent, ces mots n’ont aucune signification. L’aphasique dit « oui » quand il veut dire « non » et inversement. Dans quelques cas, les malades peuvent dire « oui » on « non » pour répondre à une question, mais ils ne peuvent répéter mots ( « oui » ou « non » ) en dehors d’une question qui provoque une affirmation ou une négation. Dans d’autres cas enfin, « oui » et « non peuvent représenter une proposition et le malade peut les répéter volontairement.

Ces derniers cas sont de la plus haute importance. L’individu a perdu tout langage, excepté ses deux propositions les plus générales et les plus automatiques. C’est un fait qui est d’accord avec le principe de dissolution. En est-il de même pour les autres expressions ? On pourrait supposer qu’elles sont une exception à ce principe ; nous verrons qu’il n’en est rien.

2o Expressions accidentelles. — Ces expressions se divisent en trois groupes :

A. Elles ne représentent aucun langage ;

B. Elles correspondent à un langage inférieur ;

C. Elles sont véritablement un langage.

A. Sous l’influence d’une excitation, l’aphasique peut dire « oh ! », « ah ! », « oh ! cher ». Aucune de ces expressions n’a de signification intellectuelle. De plus, le malade ne peut les répéter volontairement. Il en est de même des jurements.

B. Une femme qui ne pouvait dire que « oui, mais vous savez » dit un jour « prends garde » en voyant un enfant sur le point de tomber. Un malade de Trousseau dit « merci », un jour qu’une dame avait levé son mouchoir ; etc. Ces expressions représentent une forme inferieure de langage où l’émotion entre pour une grande part.

C. Il ne faut pas négliger le rôle de l’émotion même dans des cas où