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périodiques. — Archives de physiologie.

Il y a répétition de la même expression, parce que la maladie, eu détruisant le cerveau gauche, permet au cerveau droit de fonctionner librement, de même que la section du pneumogastrique accélère les battements du cœur. En général, l’augmentation d’excitabilité d’un centre n’est que temporaire ; mais l’usage d’une expression est lui-même ce qui entretient l’activité du centre auquel correspond cette expression. On ne doit pas dire que c’est la lésion du lobe gauche qui la répétition des expressions, — la lésion, c’est-à-dire la destruction des centres du langage, cause l’aphasie, c’est-à-dire la perte du langage supérieur, — mais que les centres qui ont été détruits n’ont plus de contrôle sur les centres inférieurs, qui peuvent alors fonctionner librement.

Les mots de jargon peuvent s’expliquer de la même manière que les expressions qui ont une apparence de proposition. Par exemple, le malade qui disait «  me, me pitty my, connuty my  » était probablement en train dédire « pity me ! come, pity me !  » au moment où il était tombé malade. Mais pourquoi l’expression s’est-elle convertie en un jargon ? À l’état normal, sous l’influence d’une émotion, on voit souvent une altération des mots. Un homme sain dira par exemple : « Mukes from Boodies » au lieu de «  books from Mudie’s », « bamb and crobster » pour « crab and lobster  ». Cette altération du langage serait due à l’activité précipitée du cerveau droit, qui dépendrait elle-même d’une forte émotion. En ce qui concerne l’aphasique, on peut admettre qu’au moment du début de la maladie il s’est produit une forte émotion, due probablement à la maladie elle-même, le malade se sentant sous le coup d’un grave danger.

Si des aphasiques n’ont conservé que les expressions répondant aux formes les plus générales du langage s’ils n’ont point de jargon ou d’expression revenant à tout propos, c’est qu’ils ne disaient rien, qu’ils n’avaient rien dit au moment où ils étaient tombés malades. La dissolution a suivi son cours régulier.


ARCHIVES DE PHYSIOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE.
N° 5, 1880.

Ch. Rihet et Ant. Breguet. De l’influence de la durée et de l’intensité de la lumière sur la perception lumineuse.

Nous empruntons à ce travail les conclusions suivantes :

Ier Une lumière faible, perçue très nettement lorsqu’elle excite la rétine pendant une longue durée, devient invisible quand la durée diminue.

2e Pour la rendre de nouveau visible, il suffit d’augmenter son intensité.

3e On peut encore la rendre visible en répétant l’excitation lumineuse faible et de très courte un très grand nombre de fois.