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NOTES ET DISCUSSIONS


DU DÉTERMINISME HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE



Ces quelques pages pourraient être intitulées : Observations d’un professeur d’histoire sur le livre de M. Henri Marion De la solidarité morale[1]. Ce professeur d’histoire regrette que, dans un livre si bien fait, il y ait un défaut : l’influence exercée sur l’individu par le milieu historique et géographique y est fort atténuée.

Le livre a deux parties : Solidarité individuelle, Solidarité sociale.

La première est consacrée à l’étude de l’individu depuis sa naissance. Au chapitre II, qui traite de « la formation du caractère, du milieu physique et des conditions économiques, et de la première éducation », c’est à peine s’il est parlé en quelques lignes de l’influence du milieu. Qu’on ait « beaucoup écrit sur les rapports de la civilisation en général avec les milieux », comme le dit M. Marion, c’est un motif pour qu’un écrivain comme lui, qui n’est point banal, se garde d’insister sur des vérités acquises ; mais, alors même qu’on procède par prétérition, il faut, quand la matière vaut la peine, ramasser au moins les traits les plus propres à en marquer l’importance. L’esprit d’un lecteur est fait ainsi qu’il garde surtout l’impression des raisons le plus longuement déduites. Si vous voulez être bref en exposant quelque raison grave, au lieu de dessiner d’une main légère cette partie de la démonstration, comme il est loisible de le faire pour celles où l’on séjourne, gravez vigoureusement.

Oui, l’on a beaucoup écrit sur l’influence des milieux, mais on n’écrira jamais trop. Elle s’exerce sur toutes les influences qui pèsent sur nous. Dans ce livre de la solidarité, où il y a de si jolies

  1. Pour le compte-rendu de cet ouvrage, voir ci-après page 80.