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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/112

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L’ouvrage est composé de la manière suivante. Dans une introduction (1-17 pp. ), M. Romanes indique brièvement, à défaut d’une étude systématique sur la nature des facultés mentales des animaux et l’explication de leur développement, étude qui sera l’objet de sa prochaine publication, le sens qu’il attache aux termes essentiels du vocabulaire psychologique ; il distingue l’instinct de l’action réflexe et de l’intelligence ou raison. Quelques réflexions pénétrantes sur la situation du psychologue en présence des faits de conscience manifestés par des êtres dont la conscience ne lui est pas ouverte montrent assez que l’auteur, bien que n’étant pas un philosophe d’origine, n’est étranger à aucun des points de vue signalés par la philosophie idéaliste et connaît les objections préalables élevées par elle contre la psychologie objective.

Puis viennent une série de monographies qui sont tout l’ouvrage : I. Application des principes posés aux animaux inférieurs — II. Mollusques. — III. Fourmis. — IV. Abeilles et Guêpes. — V. Termites. — VI. Araignées et Scorpions. — VII. Les autres arthropodes. — VIII. Poissons. — IX. Batraciens et Reptiles. — X. Oiseaux. — XI Mammifères. — XII. Rongeurs — XIII. Eléphant. — XIV. Chat. — XV. Renard, Loup, Chacal. — XVI. Le Chien. — XVII. Les Singes. — Un index détaillé facilite les recherches du lecteur à travers cette énorme quantité de faits.

Nous ne dirons rien des principes généraux posés dans l’Introduction. Le lecteur les connaît : ce sont ceux de la philosophie évolutionniste. Nous nous réservons d’ailleurs de les examiner quand paraîtra le second volume annoncé pour l’année prochaine. Celui que nous avons sous les yeux étant avant tout un répertoire de faits, ce qui importe seulement d’examiner, c’est la valeur de ces faits et leur classement.

Sur le premier chef, hâtons-nous de dire que la critique de l’auteur est d’une sûreté qui n’a d’égales que la richesse et la nouveauté de ses informations. Il a d’abord, ce que rien ne remplace et ce qui ne s’acquiert que par le commerce avec la vie animale, le sens de ce qui est possible, de ce qu’on peut avec vraisemblance attribuer en fait de combinaisons intellectuelles à chaque classe d’animaux. Ensuite il n’enfreint jamais les règles sûres qu’il s’est posées et qui sont celles de la critique en tout ordre de sciences, celles-là mêmes qu’indiquait Wundt dans un article sur le même sujet publié en 1876 (Vierteljahrsscrhift für wissenschaftliche Philosophie, 2 H.). Son livre n’a rien de commun avec les livres de merveilles ; il ne se soucie en aucune façon d’étonner le lecteur en attribuant aux animaux des actes et des motifs égaux ou même supérieurs aux nôtres : son but est de fixer exactement le degré de complexité imparti par les lois de l’évolution à l’intelligence de chaque espèce. Un jour viendra où nous aurons pour ces évaluations approximatives un critérium abstrait, une unité de mesure, soit qu’on prenne tout d’abord comme point de comparaison le nombre des actes élémentaires figurant dans une combinaison donnée, soit qu’on recoure au temps et à l’espace embrassés par la mémoire et la prévision, gran-