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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/111

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lui-même, à des conclusions analogues. C’est une des raisons pour lesquelles nous avons lu le livre de M. Watson avec un vif intérêt et une grande sympathie.

Victor Brochard.

J. Romanes. Animal Intelligence (L’intelligence des animaux). Bibliothèque scientifique internationale. Kegan Paul, Londres, 1882.

Quand dans la formation d’une science un livre est nécessaire, on peut être sûr qu’il vient à son heure. La psychologie comparée, qu’on appellerait mieux la psychologie générale ou simplement la psychologie (car que serait une science qui n’aspirerait pas à embraser tout son objet ?), ne peut se fonder que sur un ensemble considérable de faits méthodiquement classés. De même que l’organisation définitive de la sociologie a suscité l’immense répertoire de faits sociaux dressé sous la direction de Spencer, la Sociologie descriptive, de même de vastes tableaux de faits psychiques sont absolument nécessaires dans la phase que traverse la science de l’esprit. C’est à ce besoin que répond la tentative de M. Romanes.

Le présent volume n’est que la première partie d’une œuvre plus étendue. L’auteur travaille en ce moment à un livre de haute portée qu’il intitulera l’Evolution de l’esprit. Mais, avant de présenter cette synthèse au public, il a cru et avec raison qu’il était à propos de l’appuyer sur la base solide d’observations aussi nombreuses que possible et de commencer par un tableau complet des faits de l’intelligence animale connus jusqu’ici.

Il était préparé à ce travail par ses recherches personnelles sur le système nerveux des animaux inférieurs et ses études biologiques[1] ; il a profilé de l’admirable organisation scientifique, qui, comme nous l’avons constaté en annonçant le livre de M. Grant Allen sur le sens de la couleur, met à la disposition des psychologues anglais des ressources incalculables d’information et de contrôle ; enfin il n’a pas cessé de recevoir pendant la composition de ce recueil l’inspiration de Darwin ; il a eu entre ses mains, grâce à l’amitié de l’illustre naturaliste, de volumineuses notes amassées par celui-ci pendant quarante ans, et la rédaction primitive d’un chapitre très étendu sur l’instinct dont l’Origine des espèces n’avait pu contenir que l’abrégé. Tout se réunit donc pour faire de ce travail une œuvre des plus sérieuses, bien supérieure à tout ce qui a paru jusqu’à ce jour.

  1. Voir de nombreux articles dans le journal anglais Nature, et surtout un opuscule sur l’Évolution des nerfs et du système nerveux, traduit par M. Rodier, Paris, Masson, 1878. Cf. Revue philosophique, août 1877 et avril 1878, ou le Mémoire sur l’évolution des nerfs est analysé. M. Rodier a également traduit le résumé d’une conférence faite par M. Romanes en août 1878, à Dublin, sur l’Intelligence sur les animaux, et y a ajouté des notes fort intéressantes. Bordeaux, Gounouilhon, 1879. C’est l’embryon de l’ouvrage actuel.