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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/123

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DE LA

RESPONSABILITÉ MORALE DANS LE RÊVE


La psychologie du sommeil et du rêve, après tous les travaux des anciens, des modernes et des contemporains, est bien avancée, si déjà elle n’est faite. Aussi notre intention est-elle de considérer ici le rêve plutôt au point de vue moral qu’au point de vue psychologique. Cette question de la responsabilité morale dans le rêve, bien qu’elle ait eu sa place parmi tant de questions délicates de morale traitées par les théologiens et les casuistes, et bien qu’elle n’ait pas échappé à quelques psychologues, nous a semblé ne pas être indigne de attention des moralistes d’aujourd’hui.

Y a-t-il une sorte de prolongement de la vie morale dans le sein du sommeil et des rêves ? Toute responsabilité morale disparaît-elle, sitôt que la veille n’est plus et que nos paupières sont fermées ? Nul rêve, quel qu’il soit, ne peut-il à aucun degré, et dans aucune circonstance, être imputé comme une faute à celui qui dort ? Si nous sommes plus ou moins responsables de certains rêves, de quelle nature est cette responsabilité et dans quelles limites se renferme-telle ? Telle est la question de morale, non pas vaine, quoique un peu subtile, que nous nous proposons d’examiner.

I

Mais d’abord une courte introduction psychologique est indispensable pour rappeler les diverses attaches par lesquelles le rêve tient à la veille, car c’est de là que relève le caractère moral que nous croyons devoir lui attribuer. Soumettez à l’analyse le plus bizarre, le plus absurde, le plus fantastique de tous es rêves, celui qui vous semblera le plus étranger à la réalité, décomposez-le dans tous ses éléments, vous n’en trouverez pas un seul qui, d’un bout à l’autre, ne soit emprunté à la veille, qui n’en soit une réminiscence, une trace persistante, Ce que nous avons fait, pensé ou senti pendant