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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/168

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lui-même une régression. À cet égard, le passage suivant de Herbert Spencer nous servira de résumé et de conclusion : « Chez les personnes affectées de troubles nerveux chroniques, dont le sang détérioré et tarissant ne suffit plus à entretenir l’activité nécessaire des transformations moléculaires… l’irascibilité est pour tout le monde un objet de remarque : et l’irascibilité implique une inactivité relative des éléments supérieurs. Elle se produit, quand une décharge soudaine, transmise par une souffrance ou une contrariété, aux plexus qui ajustent la conduite à des actions pénibles ou désagréables, n’est pas accompagnée par une décharge qui parvienne à ces plexus où l’action est adaptée à un grand nombre de circonstances, au lieu de l’être à une seule. Que l’insuffisante production de l’afflux nerveux rende compte de la perte de l’équilibre dans les émotions, c’est un corollaire de ce qui a été déjà dit. Les plexus qui coordonnent les activités défensives et destructives, et dans lesquels ont leur siège les sentiments simultanés d’antagonisme et de colère, sont un héritage de toutes les races d’êtres antérieurs et sont par conséquent bien organisés, — si bien organisés que l’enfant sur les bras de sa mère nous les montre déjà en action. Mais les plexus qui, en liant et en coordonnant une grande variété de plexus inférieurs, adaptent la conduite à une grande variété d’exigences extérieures, n’ont été développés que depuis peu ; si bien que, outre qu’ils sont étendus et complexes, ils sont formés de canaux beaucoup moins perméables. Par conséquent, quand le système nerveux n’est pas à l’état de plénitude, ces appareils venus les derniers, et les plus élevés de tous, sont les premiers dont l’activité fasse défaut. Au lieu d’entrer en action instantanément, leurs effets, s’ils sont appréciables, arrivent trop tard pour lutter contre ceux des appareils subordonnés[1]. »

V

Après avoir suivi pas à pas la dissolution de la volonté, le résultat fondamental qui nous a paru en ressortir, c’est qu’elle est une coordination variable en complexité et en degrés ; que cette coordination est la condition d’existence de toute volition, et que, selon qu’elle est totalement ou partiellement détruite, la volition est anéantie ou mutilée. C’est sur ce résultat que nous voudrions maintenant insister, en nous bornant à de brèves indications sur quelques points, notre but n’étant pas d’écrire une monographie de la volonté.

  1. Herbert Spencer, Principes de psychologie, tome I, p. 262.