Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/192

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
182
revue philosophique

dents et aux collisions de la vie sociale, s’il était vrai que l’homme est, dès les premières années et par lui-même, tout ce qu’il doit être, qu’il ne dépend que de lui de se résoudre toujours pour le meilleur parti, qu’il n’est qu’une pièce inerte engrenée dans un mécanisme, que le glacial chacun chez soi chacun pour soi du doctrinarisme concorde avec sa nature, que les existences encloses dans la société s’y meuvent dans une pleine indépendance et ne doivent qu’à elles-mêmes ce qui leur advient de prospérité ou d’épreuves. Mais comme c’est le contraire qui est vrai, comme l’homme n’est homme et ne devient l’élément correctement associable que moyennant l’éducation, qu’il agit fatalement comme il sent et conçoit, qu’il est au plus haut point impressionnable et d’une exquise sensibilité, que par nature il s’attendrit des maux d’autrui et s’incarne douloureusement dans la personne des malheureux, que les individualités qui se mêlent dans la trame de la substance sociale se tiennent liées par des inhérences multiples, qui spontanément s’organisent d’une manière anormale et inique si elles ne sont pas ordonnées par la raison, on est forcé de reconnaître que c’est s’arrêter en chemin que de faire de la dignité de la personne humaine l’unique source du droit, et de se fonder sur ce principe pour n’admettre que des institutions abstensives. Au contraire, lorsque, selon la règle cartésienne, on s’est astreint à faire des dénombrements si entiers et des revues si générales qu’on soit assuré de ne rien omettre, lorsqu’on s’est rendu compte de la multiplicité d’origines auxquelles se rattache le droit, on connaît qu’on est autorisé à recevoir comme vérité évidente ce jugement : Le droit e identique à l’État éclairé sur le rôle actif que lui imposent à la fois notre constitution morale et les fatalités de l’existence matérielle, puis s’organisant en vue d’affranchir l’homme de l’ignorance, de l’erreur, des bas instincts et d’un sordide intérêt, par l’éducation ; de l’insécurité et de la misère dégradante, par la régularisation des relations économiques qui se meuvent à la base de l’ordre social.

Il nous plait à présent de transporter cette discussion dans la région pleine de périls de la métaphysique, afin de voir si, dans ces profondeurs qui recèlent les dernières raisons des choses, il nous sera donné d’opposer principes à principes.

III

Lorsque l’enseignement spiritualiste assigne au droit, pour origine, notre dignité, il se maintient dans les limites de La psychologie ; mais