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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/226

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Nous ne pouvons analyser les détails de ce mémoire, pas même les indiquer tous ; relevons simplement les faits les plus saillants. Une des régions cérébrales la mieux explorées est celle des centres excito-moteurs, qui, comme l’on sait, se trouvent autour du sillon de Rolando, dans les circonvolutions pariétales et frontales ascendantes. Il existerait dans certains cas une circonvolution supplémentaire intermédiaire aux deux précédentes et due à la « duplicité du sillon de Rolando ». Dans le cas où M. Giacomini a observé cette circonvolution, qu’il appelle « rolandique », il existait une grande déformation crânienne, et le sujet était peu développé intellectuellement.

Les circonvolutions présentent à l’état normal de grandes différences dans leur sinuosités, leur épaisseur ; il faut donc être très prudent dans l’interprétation de ces soi-disant cas d’amaigrissement, d’atrophie des circonvolutions accompagnant les amputations anciennes ou les absences congénitales d’un membre. Pour prouver qu’il y a atrophie, il faut, de toute nécessité, faire l’examen histologique, et précisément, dans le seul cas où cet examen a été fait, la structure de la circonvolution était normale (Gowers).

Ordinairement, les circonvolutions frontales qui seraient le siège principal des opérations intellectuelles sont au nombre de trois. Parfois, quoique rarement, il n’en existe que deux ; plus souvent, on en trouve quatre. D’après Benedickt, le cerveau à quatre circonvolutions frontales s’observerait surtout chez les criminels. « Il a été préoccupé de voir chez les carnivores un lobe frontal avec quatre circonvolutions, tandis qu’ordinairement chez l’homme il n’y en a que trois ; et il explique ce fait en admettant que chez l’homme les deux premières circonvolutions se sont confondues, le sillon diviseur a disparu, et il en est à peine resté trace. Cependant, en examinant des cerveaux de criminels, il a vu que cette fusion ne s’opère pas aussi Complètement ; au contraire, dans quelques cerveaux, la circonvolution frontale supérieure se présente réellement double ; par conséquent, il compare ces cerveaux à ceux des carnivores, les considère comme des cerveaux d’une organisation inférieure, comme des cerveaux dégénérés, qui nous rappellent une disposition que l’on observe chez certains animaux. »

Hanot prétend que la division porte non pas sur la circonvolution frontale supérieure, mais sur la moyenne ; néanmoins, dit-il, ces résultats sont d’autant plus curieux à signaler que l’on ne trouve presque jamais cette anomalie des circonvolutions chez les sujets qui meurent dans les hôpitaux.

M. Giacomini montre combien cette proposition est hasardée, et il conclut en disant que chez les criminels « la proportion entre les hémisphères normaux et ceux qui sont anormaux est à peu près égale à celle que l’on a dans les cerveaux d’individus non criminels. » Il fait aussi remarquer avec raison que nous nous ne savons pas quelles sont les parties du cerveau de l’homme qui sont homologues à celles des animaux, bien qu’il admette avec Broca que la scissure présylvienne des