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Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/332

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tous ses degrés. Le vide physique n’était déjà plus qu’une chimère ; le vide psychique, après lui, est forcé d’aller rejoindre son Sosie, Non datur vacuum formarum.

M. L. Noiré a étudié de fort près la physique générale de Leibniz, la manière dont se pose pour lui et Descartes la conception de la force, par suite la question de la conservation de l’énergie. L’historien a élucidé de façon spéciale ce dernier chapitre, et il sera utile, intéressant à tous de s’y reporter : on n’oserait dire néanmoins qu’il en a vu ou levé toutes les difficultés. L’exposition de la philosophie de Hume, par laquelle il termine, est faite avec grand talent, semée de considérations instructives de rapprochements historiques curieux : elle atteste à quel degré élevé ce précurseur était lui-même et est resté un maître.

A. Debon.

E. Colombat (de l’Isère). Traité d’orthophonie. 1 vol.  in-8o, 576 pages. Paris, Asselin et Cie, 1880.

« Le redressement vocal du bégaiement est sorti du domaine de la médecine pour entrer dans celui de l’enseignement ; on ne traite pas le bègue, on fait son éducation. Le bègue n’a pas un médecin, mais un professeur. » Ainsi s’exprimait en 1875 l’Académie de médecine à propos d’un mémoire sur l’orthophonie au point de vue pédagogique de M. E. Colombat, de l’Isère. Cet oracle rendu par le corps savant explique que nous nous occupions ici du bégaiement. M. Colombat a donné à son mémoire des développements qui en font un volume compact, intitulé Traité d’orthophonie, d’où il nous semble possible d’extraire une sorte de psychologie du bègue. Il est intéressant de considérer dans ce cas particulier les rapports du physique et du moral et l’influence de la volonté sur l’organisme.

Le bégaiement ne résulte pas, comme on serait tenté de le croire et comme on l’a cru longtemps parmi les médecins eux-mêmes, d’une mauvaise conformation des organes de la parole. L’étude de ces organes le prouve, et de plus on ne s’expliquerait pas dans ce cas que le bègue articulât avec netteté lorsqu’il chante, ou dans certaines circonstances, par exemple sous le coup d’une forte émotion, Dès lors, il n’y a pas lieu d’avoir recours à des opérations chirurgicales, qui quelquefois ont guéri d’une manière trop radicale le bégaiement en supprimant le patient avec, et plus souvent ne l’ont guéri que momentanément et indirectement, par suite de l’émotion même qu’elle avait causée. Le bégaiement provient d’une infirmité cérébrale, d’un trouble de la partie des centres nerveux qui préside à la motricité des organes vocaux, offrant une certaine analogie avec l’ataxie locomotrice, « d’un manque d’harmonie entre l’influx nerveux qui suit la pensée et les mouvements musculaires au moyen desquels on peut l’exprimer par la parole. » C’est cette harmonie qu’il faut rétablir. Le bromure de potassium ou autres remèdes du même genre sont restés impuissants contre cette affection nerveuse. La méthode orthophonique inventée par le Dr Co-