Aller au contenu

Page:Revue philosophique de la France et de l'étranger, XV.djvu/333

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
323
ANALYSES. — E. COLOMBAT. Traité d’orthophonie.

lombat, qui en 1823 créa l’institut orthophonique de Paris, et développée par son fils M. E. Colombat, professeur à l’Institut national es sourds-muets, a seule donné des résultats incontestables et constatés par des commissions médicales.

Le premier principe de cette méthode est (je cite) « qu’il faut employer un mécanisme et des positions d’organes aussi opposées que possible à celles où l’on remarque que sont les mêmes organes pendant l’hésitation ». Ainsi les bègues qui hésitent sur certaines lettres gutturales et linguales ont la langue en bas derrière les dents inférieures ; il faut qu’elle soit retirée, refoulée vers le larynx et la pointe relevée. On doit abaisser la mâchoire inférieure, écarter transversalement les lèvres, faire une inspiration profonde et progressive, etc. Tout cela constitue une gymnastique pectorale, laryngienne, gutturale, linguale, labiale et buccale. Puis intervient le rythme, dont on connaît l’action puissante sur le mouvement en général et qui a pour effet ici de régulariser les mouvements anormaux imprimés aux organes de la voix. Les élèves doivent s’efforcer de laisser un intervalle parfaitement égal entre chaque syllabe, sans s’occuper de conserver les inflexions naturelles de la voix ni d’éviter la monotonie d’un pareil langage. La déclamation envers, qu’on emploie au bout de quelque temps de ces exercices préparatoires, suffit même à elle seule pour modifier passagèrement quelques variétés de bégaiement. Mais elle n’est réellement efficace que lorsqu’on l’emploie comme complément de la méthode. Il y a en outre des préceptes particuliers sur la prononciation de chaque lettre de chaque syllabe. On donnera par exemple à la lettre J le son eJe, à la lettre L le son eLe, à la syllabe dA le son PfA, à la syllabe Jour le son ejeour, etc. Enfin les exercices de mémoire constituent une partie importante de la méthode, car les hésitations de la mémoire entraînent les hésitations de la parole.

Ce n’est pas dans une semaine ni dans un mois qu’on peut espérer corriger l’infirmité. Il s’agit, on le comprend, de modifier l’organisme, de substituer une seconde nature à la première, ou des habitudes nouvelles aux habitudes anciennes, et il faut de temps. D’après M. Colombat, il faut de 50 à 100 leçons données une fois par jour, si c’est possible, mais pas plus, ou bien deux ou trois fois par semaine.

Tous ces exercices sont assez pénibles et exigent une bonne dose de patience. Aussi l’éminent professeur, qui se montre partout dans son ouvrage un psychologue très fin et un moraliste délicat, recommande-t-il de commencer l’enseignement per une leçon préliminaire destinée à faire comprendre au patient, je veux dire à l’élève, « que le sucées de son éducation phonétique dépend beaucoup de l’énergie personnelle qu’il apportera au redressement vocal de son vice de parole, » et à lui faire comprendre l’influence de la volonté sur l’organisme. Il faut l’amener à vouloir accomplir une série d’actes volontaires lui permettant de maîtriser et de guider les courants nerveux qui précèdent et accompagnent l’émission de sa parole. Or il en est des élèves bègues comme des autres, plus encore, paraît-il, il : y en a beaucoup : d’indo-